8 juin 2007

Entretien à la Direction Générale de la Santé (DGS)

Interview de Mr Philippe Certin, responsable du pôle ressources humaines et affaires générales

§ Positionnement acteur dans la chaîne de la santé

  1. Comment la DGS est-elle imbriquée au sein des autres entités de la santé ?

Au sein du ministère de la santé, la direction générale de la santé est en charge des problèmes de santé évidemment, mais pas seulement. La DGS est le moteur sur deux programmes budgétaires : le programme « santé publique & prévention » ainsi que le programme « veille & sécurité sanitaire ».

Pour la prévention, elle partage les problèmes avec la direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS).

Pour l’offre de soins, cela se repartie entre la DGS, les hôpitaux et les DASS

La DGS travaille avec l’Industrie pharmaceutique, les professionnels de la santé et les établissements privés.

Aujourd’hui, la DGS est «LA» porte d’entrée pour tout ce qui représente un risque sanitaire (bioterrorisme…) alors qu’auparavant (avant la canicule 2003), la gestion des risques sanitaires était réparti entre la DGS, la DHOS, la DSS et la DGAS.

C’est le département d’urgence sanitaire (DUS) qui gère la crise : ex. méningite dans la région de limoges, pas de vaccins donc partenariat avec la Norvège pour y remédier.

Elle possède également des liens avec les instituts de recherche et les agences sanitaires comme l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé), l’ABM (Agence Biomédecine) qui gère les greffes, les collectes d’organes, leur transport et la dotation aux malades, l’Etablissement Français du Sang (EFS)…

Chaque établissement, parmi la DGS, la DHOS, la DSS et la DGAS, a une tutelle « chef de file ». Depuis le 1er janvier 2007, la DGS gère l’AFSSET (Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale et du Travail).

  1. Quel est la part du budget consacré à la santé par typologie d’acteurs (organismes publics, organismes privés, associations…) ?

Le budget du programme « santé publique et prévention » s’élève à 290 millions € dont

- 78 millions € pour le fonctionnement des services de l’état ou des agences

- 211 millions € dans l’intervention (hors périmètre public ex : laboratoires, industrie pharmaceutique)

Le budget du programme « veille et sécurité sanitaire » s’élève a 105 millions € dont

- 93 millions € pour le fonctionnement et 50 millions € destinés uniquement à l’INCA (Institut National du Cancer)

- 12 millions € en interventions

En terme de stocks, le stock de l’Etat pour répondre aux urgences sanitaires (vaccins, réponse à une pandémie grippale comme des masques, blouses jetables, gants…) est le 2ème après celui de la Défense : hors défense, la santé représente 80% des stocks de l’Etat.

La DGS travaille beaucoup avec les industries pharmaceutiques françaises et étrangères et encadre les professionnels de la santé.

Le marché de la santé en terme de commandes varie entre 4000 € et 30 millions €.

En 2006, le budget santé est passé de 105 millions € prévus à 860 millions € (due à la crise du virus du chikungunya)

  1. Quels sont les outils permettant de répartir de manière rationnelle le budget ?

La Santé fait une demande au Ministère de la Finance (Bercy) qui propose au parlement un budget des services « dépensiers ». Un arbitrage par le Premier Ministre et Bercy entre les différentes demandes émanant des différents ministères est réalisé.

Si le ministère de la Santé a besoin d’une avance, il faut soumettre un « décret d’avance » à la commission des affaires sociales et des finances et au conseil d’Etat. En cas d’avis favorable, le décret est signé par le 1er ministre. Cependant, il faut un mois de délais pour obtenir un « décret d’avance » donc en cas d’extrême urgence, ils puisent dans d’autres crédits en attendant et remboursent en retour.

Les Recettes sont soumises au contrat initial de la « Loi de Finance » et aux avenants qui peuvent apporter des recettes supplémentaires, un gel des recettes en cours d’années ou moins de dépenses.

Dès le vote de la Loi de Finance, 5% sont bloqués par Bercy en réserves de protection, 3 à 5% par la DGS pour aléas de gestion.

§ Stratégie d'alliance pour atteindre ses objectifs

  1. Avec quel(s) acteur(s) de la santé vous sentez vous le plus proche ?

Cela dépend des sujets et des thèmes. Par exemple, pour la prévention, on peut se placer sous l’angle scientifique et travailler avec les agences, les laboratoires, mais en terme de communication, de sensibilisation, de dialogue, ce sera plus le monde associatif.

  1. Quels sont les acteurs réfractaires à votre vision ?

Il n’y a pas vraiment d’acteurs réfractaires mais plutôt des gens en dehors du système « traditionnel » qu’il faut essayer de faire participer au système de soins. C’est ce qu’on appelle la « Démocratie sanitaire » à travers des associations d’usagers et leur représentation auprès des hôpitaux, des conseils d’administration, des instances etc. Il existe une réelle volonté d’ouverture sur l’extérieur afin d’améliorer l’aspect « humain » dans les hôpitaux par exemple. Il est nécessaire d’humaniser toujours plus l’offre de soin.

  1. Avec quel type de ministère (industrie, etc.) travaillez-vous ?

Nous travaillons, en effet, avec plusieurs ministères :

- le ministère de l’agriculture dans le sens « droit d’alimentation »

- le ministère de l’industrie et de la recherche : laboratoires, problèmes des entreprises polluantes…

- le ministère de l’intérieur et de la Justice pour les kits de prélèvements (alcootest, drogues…) que le ministère de la Santé fournis

- le ministère de l’environnement pour la pollution de l’eau, des piscines, des thermes.

  1. Êtes-vous en relation avec les autres directions européennes de la santé ? ou même dans le monde ?

Le directeur de la DGS siège à Bruxelles au sein de la conférence européenne des directeurs de la santé. Il existe également une cellule spéciale aux affaires européennes et internationales rattachée à la DGS.

Au niveau international, nous travaillons étroitement avec l’OMS, qui constitue non seulement une organisation, mais aussi un véritable club, propice aux échanges d’idées. L’OMS nous permet parallèlement de rétablir un juste équilibre dans les rapports de forces existants, notamment vis-à-vis des industries pharmaceutiques.

§ Moyens à affecter pour réussir ces développements et exporter ce savoir faire

  1. Menez-vous des actions pouvant avoir un impact à l’international ?

En dehors des échanges que nous entretenons au sein des organisations internationales, nous recevons assez régulièrement des délégations étrangères dans un cadre coopératif.

  1. Selon vous, quels sont les atouts du système de santé à la française ?

Notre système de santé constitue une véritable exception française. Sous un angle rapport qualité/ prix, ce dernier est reconnu pour être un des plus performants, voire le plus performant au monde.

Ce système s’appuie sur un outil statistique, la DRESS (direction de la recherche, de l’évaluation, des Etudes et des Statistiques), particulièrement efficace et qui permet par exemple de connaître l’état de la santé en France, jusqu’au niveau des cantons.

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Entretien à la Haute Autorité de Santé (HAS)


Benjamin FERRAS, Directeur de cabinet de Laurent DEGOS

· Le fonctionnement de la HAS.

La Haute Autorité de Santé (HAS) est une autorité indépendante crée en 2004.

La loi du 13 août 2004 a eu pour but de clarifier les rôles des différentes institutions. L’assurance maladie solvabilise la demande à 75% (grâce à la DREES et la DRAS)

Répartition des offreurs de soins : Hôpitaux et cliniques (55%), professionnels libéraux (45%). Ainsi l’assurance maladie n’a pas le contrôle sur toutes ses dépenses. Nous sommes dans un système de « payeur aveugle ».

A la différence des Etats-Unis et du Royaume-Uni, en France les acteurs fournisseurs de santé ne sont ni tous publics ni tous privés. Ce statut complexifie les négociations entre ces acteurs.

L’idée que « la santé n’a pas de prix » est en contradiction avec une idée de budget.

Les succès du système de santé se matérialisent par un fonctionnement solidaire, un haut degré de prise en charge par la collectivité nationale (en particulier pour les affections de longues durées – 100% pour ces soins).

En 1996, Alain Juppé lance une réforme afin de maîtriser les dépenses de santé en collaboration avec les professionnels du secteur (idée de l’acte fluctuant selon l’enveloppe).

En 2004, face à la dette importante du système de santé, la clarification des rôles des acteurs ainsi que de leurs missions s’est imposée comme nécessaire (Présentation complète de la reforme dans la revue Regard sur l’actualité à la documentation française).

C’est dans ce contexte que la HAS a reçu comme attribution le contrôle de la qualité des soins, c’est à dire s’assurer que les actes de soins soient produits et procurés avec une assurance de qualité.

Les actes de soins sont évalués sur des bases scientifiques et pratiques. Elle a pour mission de détecter les zones de non qualité (interaction médicamenteuse, maladie nosocomiale…). La HAS est une autorité indépendante dont la direction est collégiale et composée de 8 personnes dont le mandat est de 6 ans. Elle dispose d’une autonomie financière et politique grâce à ses ressources propres et à des taxes pharmaceutiques.

La HAS fonctionne grâce à une démarche intégrée ; elle évalue les médicaments, les dispositifs médicaux et les actes (ainsi que les nouveaux usages) par rapport au Service Médical Rendu (SMR).

En ce qui concerne l’évaluation des médicaments, elle recherche dans ces nouveautés, leurs effets, l’amélioration possible et intègre une dimension médico-économique qui mesure le coût d’opportunité.

Pour ce qui est des dispositifs médicaux le comité économique des produits de santé (CEPS) fixe le remboursement par conventions avec les laboratoires. Pour un médicament, le marché remboursable représente 90% des ventes. Pour contrebalancer cette position, les laboratoires pharmaceutiques n’hésitent pas à prendre une posture offensive (chantage à l’emploie…)

La HAS joue ici un rôle d’aide à la décision et si la HAS évalue un médicament, par exemple comme une innovation, cette position va jouer un rôle majeur dans l’avenir de ce médicament.

Enfin la HAS publie des recommandations pour les professionnels couvrant l’ensemble du cycle d’une maladie (ex : comment soigner une grippe ou comment soigner un cancer).

La loi de mars 2002 transforme le patient en lui donnant un rôle actif dans le processus de soin. C’est le principe du patient acteur.

La HAS est donc une aide à la décision (grâce à ses experts scientifiques). Elle donne des recommandations aux professionnels (sur les pratiques cliniques, sur la santé publique, sur les usages medico-économique).

Remarque : On constate qu’il est facile d’ajouter une molécule sur le marché mais qu’il est beaucoup plus difficile de l’enlever car les patients surtout âgés sont sensibles à l’habitude.

Avant d’arriver à la HAS, un médicament doit passer par l’AFSSAPS et l’EMEA au niveau européen pour vérifier son innocuité.

La HAS a pour équivalent en Allemagne l’IQWIG (centré sur les patients), au Royaume-Uni le NICE (centré sur l’aspect économique).

Elle possède des moyens d’actions pour interagir avec les acteurs professionnels de la santé :

- Certification des établissements de santé : analyse et audit des structures (publiques et privées). Cela va de l’incendie à la manière dont on soigne un patient.

- Accréditation des professionnels de la santé : obligation de formation continue.

o Evaluation des médecins par d’autres médecins (avec les conseils de la HAS)

- Etude des affections de longue durée : parcours de soin, feuille de route pour le malade.

o Réalisation de guide à prise en compte du malade comme acteur.

- Evaluation des logiciels d’aide à la prescription (pour éviter les interactions médicamenteuse), e-santé.

Cette démarche intégrée (professionnels de la santé, patients, représentant de l’industrie) est originale. La HAS permet de mener un dialogue dépassionné.

· Les relations internationales.

Les actions de coopérations internationales sont très réduites car elles ne font pas partie des missions de la HAS et il n’y a pas de moyen humain et financier suffisant pour les développer en l’état.

Des missions de coopération internationale peuvent avoir lieu ponctuellement si elles apportent une valeur ajoutée sur le plan national. Cependant, il y a un dialogue fort avec les autres institutions européennes. La coopération internationale bénéfique prend la forme d’échanges de savoir-faire et de retour d’expérience. Il s’agit essentiellement d’une comparaison avec les autres institutions similaires pour « voir si ce qui est fait à l’étranger pourrait se faire en France ».

Aujourd’hui, grâce à la HAS, la France peut dialoguer d’égal à égal avec les pays les plus avancés dans le domaine de l’étude des soins. En parallèle, la HAS récence une augmentation de la demande de savoir-faire dans les pays en développement.

Auparavant l’exportation de savoir-faire était plus importante (gérée directement par le ministère de la santé) car elle était utilisée comme contrepartie sur des marchés internationaux touchant à d’autres domaines que ceux de la santé. La démarche était peu institutionnalisée.

Aujourd’hui, il y a des démarche d’ouverture vers les pays les moins avancés, il y a parfois des demandes de la part du MAE qui souhaite utiliser le savoir faire de la HAS pour conforter sa position sur place. Toutefois grâce à son statut indépendant la HAS est à l’abri de ce type de pressions.

Si une évolution de sa mission devait intervenir, cela ne pourrait se faire que par le vote parlementaire.

Aujourd’hui la santé n’est pas gérée par l’UE mais on assiste à une évolution, la commission souhaite voir plus d’homogénéité entre les services des pays de l’Union. Car la base de la libre circulation des personnes repose aussi sur l’accès à des soins similaires dans chaque pays de l’UE. Il y a donc des accords de compensation entre les sécurités sociales des différents pays. Les pays ne fournissant pas une offre suffisante sont contraints de payer pour leur ressortissant se soignant à l’étranger.

L’EMEA (European Agency for the Evaluation of Medicinal Products) est une instance qui valide l’admission de nouveaux médicaments au niveau européen. Elle souhaite articuler la politique européenne de santé en améliorant la coopération entre pays afin de garantir la sécurité des patients.

La HAS cherche à montrer la qualité de son travail auprès de la commission pour être incluse dans tous les processus de décision européen. Pour cela il faut connaître les sujets en cours et à venir.

Les chercheurs et les scientifiques travaillant à la HAS sont de tout premier plan. Afin de garder ses talents la HAS mène une importante politique vers les chercheurs pour les valoriser auprès de leurs pairs et leur offrir une reconnaissance internationale par des publications et la participation à des colloques.

La HAS communique vers les professionnels de la santé et le grand public, ce qui donne la possibilité aux chercheurs de faire passer leurs idées. De plus, des échanges entre différentes institutions équivalentes sont possibles.

En ce qui concerne l’exportation de savoir-faire français dans la santé, il existe deux structures étatiques : GIP santé-international et DAEI (Délégation aux Affaires Européennes et Internationales). Aussi le SGAE (Secrétariat général des affaires européennes), sous le premier ministre, est une structure centralisatrice pour les actions menée dans le cadre européen.

Enfin il y a dans chaque ambassade une personne chargée des problématiques liée à la santé.

En conclusion, la HAS est une structure encore jeune mais qui s’est rapidement imposé comme compétente et reconnue. Son rôle à venir sera très probablement amené à croître.

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Préconisations et stratégies d’alliance

HAS

La HAS est un atout incontestable dans le dispositif de santé français. Cette institution moderne et indépendante (financièrement et politiquement) dans la plus pure tradition française d’expertise scientifique juge la qualité de l’offre de santé, du médicament aux soins en passant par les structures soignantes.

Son rôle est consultatif mais son avis est décisif dans le choix des politiques de remboursement. Sa voie porte les résultats de ses études auprès des structures et des praticiens, mais elle s’adresse aussi aux patients par l’intermédiaire de guides thématiques.

De plein pied dans la mondialisation, elle dialogue activement avec ses homologues (ex : MICE (UK), IQWIG (Germany)) et avec les institutions européenne (EMEA). Néanmoins ses missions sont uniquement liées à l’activité nationale. Ceci crée parfois des frictions avec les corps gouvernementaux souhaitant utiliser l’expertise française de la HAS comme marchandise d’appoint dans d’autres secteurs.

Les relations avec les laboratoires sont strictement scientifiques et ils n’ont pas d’influence sur les rapports de la HAS. Pour qu’un médicament soit étudié par la HAS il doit d’abord être validé par l’AFSSAPS et l’EMEA afin de tester son innocuité.

Plusieurs entité sont en chargé de l’exportation de savoir faire au niveau ministériel mais l’offre est parcellaire : DAEI (Délégation aux Affaires Européennes et Internationales, SGEA (Secrétariat Général des Affaires Européennes) et GIP Santé International.

Pour que la HAS puisse jouer un rôle dans l’exportation de savoir-faire français il faudrait modifier ses missions, seul l’assemblée nationale peut voter un tel changement. La HAS aurait besoin alors de compétence importante en diffusion de l’expertise que ce soit en termes de communication qu’en termes humains. Sa formule intégrée est unique et sa reproduction à l’étranger serait complexe (donc a forte valeur ajoutée) dans la mesure où elle impacte l’ensemble de la chaîne, néanmoins c’est la voie à suivre pour accroître la qualité d’un système de soin.

DGS

La DGS est un acteur incontournable et fondamental du système de santé. Ses missions sont dépendantes des directives du ministère de la santé et de ses missions. Ainsi toute évolution ne peut être que politique. Elle s’appuie sur la force du système français qu’est la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) pour évaluer la justesse de ses politiques.

La DGS suit deux axes budgétaires majeurs celui de la « santé publique et préventions » et celui de la « veille et la sécurité sanitaire ». Elle dialogue avec les associations et les laboratoires pour faire circuler l’information.

La DGS est partenaire de la DHOS (Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins) sur l’axe prévention. Tandis que l’offre de soin se partage entre la DGS, les hôpitaux, et la DASS (Direction des Affaires Sanitaires et Sociales).

La DGS est leader sur la gestion des risques sanitaires et chapote les différents organismes travaillant sur ces thématiques. Cette centralisation vise à fluidifier le processus de décision et de communication. Néanmoins c’est le DUS (Département d’urgence sanitaire) qui est chargé de gérer les crises.

Elle est en relation avec quasiment l’ensemble de la chaîne de santé avec un budget de près de 400 millions d’€ réparti suivant les deux axes cités.

La position de la DGS est tiraillée entre plusieurs objectifs divergents et elle doit donc dialoguer avec chaque acteur pour trouver un compromis.

D’un coté le ministère des finances gère le budget, de l’autre coté la rechercher, la prévention, le fonctionnement des services… demandent des fonds. Citons l’INCA qui reçois près de la moitié du budget veille et sécurité sanitaire (50 m€).

Enfin en tant qu’organisme public, son fonctionnement, sa position et son rôle sont transparents et clairement définis. Sa vision est globale et elle dialogue avec toutes les typologies d’acteurs et connais leur point de vue. La DGS pourrait être pivot dans la mise en place d’une politique de valorisation de la chaîne de santé mais pas en tant que leader. Son rôle focalisant déjà les contraintes, il semble contreproductif de vouloir en rajouter.

Notons que la DGS dispose d’une cellule dédiée aux affaires européennes et internationales qui pourrait service de point d’accroche dans un projet de plus large envergure. De plus elle dispose d’entrée et d’expérience à l’internationale avec le travail collaboratif engagé avec l’OMS.

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Etude TNS Sofres réalisée pour la Fédération des Syndicats pharmaceutiques de France

· Le 29 mars 2007 - Etude TNS Sofres réalisée pour la Fédération des Syndicats pharmaceutiques de France permet de mesurer l'opinion des Français vis-à-vis de leurs pharmaciens.

Principaux enseignements : malgré des avancées reconnues dans la réforme de l’Assurance Maladie, les inquiétudes et le pessimisme dominent dans l'esprit des Français. Dans le même temps, les pharmaciens semblent totalement échapper à ces jugements moroses. Enfin, un bilan détaillé de l’image et du rôle du pharmacien montre bien la place singulière qu'occupe cette profession dans le système de santé : un acteur du système de santé à part entière, un professionnel du médicament avant tout.

Un sentiment de détérioration du système de soins en France

55% des Français interrogés estiment qu’au cours des dernières années, le système de soins en France s’est plutôt détérioré, pour seulement 32% qu’il s’est plutôt amélioré et 9% qu’il n’a pas changé.

Le jugement varie selon les catégories, l’évolution étant ressentie plus positivement par les populations les plus fragiles : les chômeurs sont 53% à penser que le système de soins s’est amélioré, de même que 48% des 18-24 ans et 45% des individus vivant dans un ménage aux revenus inférieurs à 800 euros par mois. La préférence partisane structure également les opinions, 38% des partisans de la droite parlementaire voient une amélioration, pour seulement 27% des partisans de la gauche.

Le médicament est désigné comme la principale cause de l’augmentation du déficit de la Sécurité Sociale.

Parmi les différentes causes du déficit de l’assurance maladie, ce sont les médicaments qui semblent le plus mis en cause, que ce soit à cause de leur consommation excessive ou de leur coût élevé.

Ainsi, 30% des répondants estiment que c’est la consommation excessive de médicaments qui explique le plus le déficit de l’Assurance Maladie – avis davantage partagé par les jeunes –, et 16% pensent que c’est leur coût élevé. Au total, ce sont donc 46% de citations qui concernent les médicaments.

Viennent ensuite, à des niveaux moindres, des causes liées au comportement des usagers de l’Assurance Maladie : 15% des répondants désignent le nombre d’arrêts de travail (31% des répondants travaillant à leur compte), 10% le nombre trop élevé de visites chez le médecin, 8% le recours excessif des patients au système hospitalier, 4% la surconsommation des soins et de médicaments des personnes âgées ou encore le nombre trop élevé d’examens médicaux.

Une autre cause est mise en avant par 7% des interviewés : il s’agit de la mauvaise gestion des hôpitaux.

La plupart des mesures prises dans le cadre de l’Assurance Maladie sont jugées positivement par les Français, Carte vitale en tête

93% des répondants pensent que la Carte Vitale est une mesure plutôt positive, contre 5% plutôt négative. Vient ensuite la généralisation des médicaments génériques, jugée positivement par 80% des Français interrogés.

Les deux autres réformes proposées font moins consensus, puisque le médecin référent est considéré comme une réforme positive par 56% d’entre eux, négative par 37%.

Le déremboursement de certains médicaments est quant à lui jugé négativement par la majorité des personnes interrogées : 29% trouvent que c’est une mesure plutôt positive, contre 66% plutôt négative. Là encore, les résultats sont patents, c’est la question du coût des médicaments et de leur prise en charge qui fait le plus débat, mettant ainsi en avant une sensibilité particulière des répondants devant les inégalités d’accès aux soins et à la santé.

Alors que les réformes liées à la Carte Vitale et au médecin référent suscitent peu de clivages, il apparaît que le jugement positif des réformes de généralisation des médicaments génériques et le déremboursement de certains médicaments augmente avec le niveau de diplôme des personnes interrogées. En ce qui concerne la généralisation des médicaments génériques d’abord, 67% des personnes n’ayant pas de diplôme jugent cette réforme positive, ce chiffre allant croissant pour atteindre 89% des personnes ayant fait des études supérieures. Et il en va de même avec le niveau de revenu. Les individus les moins favorisés culturellement, de même qu’économiquement, souffrent manifestement davantage que les autres d’un manque d’information, voire d’une méfiance vis-à-vis d’une réforme qui pourtant, leur permet d’obtenir des médicaments à moindre coût. Enfin, concernant le déremboursement de certains médicaments, seuls 19% des non diplômés jugent cette réforme positive, pour 34% des diplômés de l’enseignement supérieur.

Des chiffres qui confirment la superposition des clivages culturels et socio-économiques sur la structuration des opinions par rapport aux changements récents du système de soins.

Un pronostic qui reste sombre

Le jugement positif des mesures prises récemment dans le cadre de la réforme de l’Assurance Maladie n’empêche pas, loin s’en faut, une projection pessimiste de l’avenir du système de santé en France. Ainsi, 56% des Français interrogés se disent pessimistes, 40% optimistes. Cependant, et pour relativiser cette vision somme toute noire, seuls 8% se montrent très pessimistes.

Les plus optimistes sont à chercher du côté des jeunes (61% se disent très ou plutôt optimiste), mais également des chômeurs (52%). Ces catégories qui ont noté dans le système de soins français une amélioration au cours de ces dernières années, se placent par conséquent dans une position d’ensemble beaucoup plus positive que les autres.

Un niveau de confiance en son pharmacien très élevé

Tout d’abord, 93% des répondants font confiance à leur pharmacien, dont 53% tout à fait confiance. Cette confiance va croissant avec l’âge des personnes interrogées, les 18-24 ans étant 49% à faire tout à fait confiance à leur pharmacien, les 65 ans et +, 61%. Ce score extrêmement élevé et presque unanime témoigne du capital de confiance quasi-inégalé dont dispose cette profession dans la population.

Un bilan également très positif de la répartition des pharmacies sur le territoire

94% des répondants se montrent satisfaits du nombre de pharmacies à proximité de leur lieu d’habitation, et ce même en milieu rural isolé (94%).

Les habitants des communes périurbaines se sentent légèrement moins favorisés : 89% déclarent que, là où ils habitent, le nombre de pharmacies est satisfaisant (dont 56% tout à fait et 33% de plutôt satisfaisant).

Dans les pôles urbains en revanche, la proportion de répondants qui déclarent que le nombre de pharmacies à proximité de leur domicile est tout à fait satisfaisant s’élève à 68%, pour seulement 56% dans les communes périurbaines et même 53% dans les espaces ruraux sous influence urbaine.

Modernisation des officines et développement du rôle de conseil du pharmacien : des évolutions reconnues par la plupart des répondants

En effet, 86% des répondants pensent que les pharmaciens ont modernisé leurs officines ces dernières années, 68% qu’ils ont progressé dans leur rôle de conseil.

Un pharmacien professionnel de santé plus que commerçant

69% des Français interrogés voient leur pharmacien comme un professionnel de santé davantage comme un commerçant qui vend des produits. 19% ont la vision inverse et 11% estiment qu’il est les deux à la fois.

Cette image du pharmacien conseiller traverse toutes les catégories, même si les personnes non diplômées et les habitants des communes de 20 000 à 100 000 habitants partagent davantage cet avis : respectivement 77% et 78% d’entre eux pensent qu’un pharmacien est plutôt un professionnel de santé à qui l’on peut demander des conseils. La perception de la fonction commerciale du pharmacien n’est par conséquent pas niée mais clairement placée en second plan.

Des attentes qui s’articulent autour du médicament

Lorsqu’on leur demande ce qu’ils attendent prioritairement de leur pharmacien, les Français concentrent nettement leurs réponses autour du thème du médicament : le pharmacien est donc attendu dans son rôle d’expert, bien placé pour donner des conseils en termes d’achat, de choix et de bon usage des produits qu’il vend. Bien au-delà de la stricte délivrance de médicaments, c’est précisément sur sa plus-value autour de ce produit particulier qu’est le médicament que le pharmacien est particulièrement attendu.

Ainsi, deux tiers des personnes interrogées attendent de leur pharmacien qu’il « donne des explications ou des précisions sur les médicaments ou la façon de les prendre ». Le rôle de « contrôle des ordonnances » arrive en deuxième position, avec 46% de citations. Par ailleurs, 39% des personnes interrogées souhaitent que leur pharmacien donne des conseils de santé et fasse de la prévention.

Le pharmacien n’est donc pas vu comme un simple exécutant des ordres du médecin, il est attendu pour ses prédispositions au dialogue et sa capacité à répondre aux interrogations des personnes qui le sollicitent.

Son rôle est toutefois bien distinct du celui du médecin, et seuls 13% des répondants attendent de leur pharmacien qu’il aide à résoudre certains problèmes de santé. Enfin, 12% attendent de lui qu’il apporte des services d’aides à la personne comme des aides à domicile.

A l’avenir, un rôle pédagogique et une mission de prestataire de services à renforcer

Une majorité de personnes interrogées estime que le rôle du pharmacien doit être renforcé, en se montrant favorable aux cinq propositions d’évolution qui leur sont soumises. C’est surtout dans le domaine de l’information et de la sensibilisation du public, ainsi que de domaine de la veille que les pharmaciens sont attendus. Ainsi, 83% des répondants sont favorables au renforcement du rôle des pharmaciens en matière d’information et de sensibilisation du grand public dans le cadre de campagnes nationales, de même pour la mise en place d’un dispositif de veille sanitaire.

Si les services d’aide à la personne ne constituent pas une attente prioritaire des répondants, ceux-ci sont en revanche favorables, pour 76% d’entre eux, à ce que les pharmaciens se déplacent à domicile pour servir les personnes dépendantes. L’aide à domicile, malgré ce terreau favorable, ne semble donc pas être une priorité.

La mise en place d’un dossier médical partagé entre tous les professionnels de santé est également perçue comme une évolution positive du rôle du pharmacien : 76% des personnes interrogées y sont favorables, dont un quart très favorables.

Bien que suscitant l’adhésion d’une courte majorité de répondants (53%), le fait de donner aux pharmaciens le droit de prescrire certains médicaments remboursables sans passer par un médecin reste cependant moins positif aux yeux des Français interrogés. 45% y sont défavorables, dont 24% pas favorables du tout, ce qui est loin d’être négligeable. Ceci vient appuyer le fait que le pharmacien, on l’a vu, est perçu comme complémentaire du médecin mais ne doit pas s’y substituer.

A l’avenir, pour répondre aux attentes des Français, les pharmaciens devront non pas prendre en charge des missions d’autres professionnels, que ce soit les médecins ou les entreprises de services mais plutôt optimiser et densifier leur mission d’expert du médicament, comme de ses usages.

La singularité du positionnement des pharmaciens

Au total, une étude qui montre à quel point le positionnement des pharmaciens dans le système de soins est singulier, et ce à plus d’un titre :

- alors que les jugements sur le système de santé sont très négatifs, l’image des pharmaciens se révèle plus que satisfaisante ;

- alors que les évolutions et les perspectives sur le système de santé sont plutôt décourageantes, les évolutions réalisées dans les pharmacies, – qu’il s’agisse de la modernisation des officines ou de l’affirmation du rôle du conseil – sont reconnues et saluées ;

- alors que les usages excessifs ou inadéquats des médicaments sont jugés en grande partie responsables du déficit croissant de la sécurité sociale, les attentes en forme d’exigences des usagers vis-à-vis de leurs pharmaciens sur la prévention, l’information, la pédagogie et les conseils sur et autour du médicament, placent les pharmaciens au cœur de la mutation du système de santé.

Fabienne SIMON

· http://www.ctip.asso.fr/fichiers_pdf/rapport_sondage.pdf

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Préconisations de stratégies d’alliance

L’entité « Grand Public » est difficile à appréhender dans la problématique qui nous intéresse, à savoir « la système de santé français comme axe de rayonnement ».

Le Grand public peut constituer un contre-pouvoir sur la recherche, la commercialisation ainsi que sur les grands débats internationaux (ex : sida). Un contre-pouvoir mais un contre-pouvoir avec ses limites face à la manipulation de l’information. Le Grand Public est l’objet de manipulation en tout genre concernant la santé. Il doit faire face à des campagnes qui incitent à la consommation de produits dont il n’a pas besoin.

Lors du colloque, le Grand Public a une légitimité pour prendre la parole car il est « l’utilisateur » premier du système de santé qu’on souhaite exporter. Qui de mieux que le Grand Public pour exposer les forces et faiblesses du système de santé auquel il a recours régulièrement ? Le Grand Public peut être l’interlocuteur idéal pour tous les autres groupes afin d’améliorer leurs prestations car chaque composante de ce groupe a été ou sera un patient.

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Entretien avec M. Jean-Claude Mallet, de Force Ouvrière


Jean-Claude Mallet est membre du syndicat Force Ouvrière, spécialiste des questions de santé en tant qu’ancien président de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, dont il est aujourd’hui l’un des conseillers.

Tout au long de sa carrière, M. Mallet s’est occupé des questions de santé, et notamment de tout ce qui concerne l’assurance maladie, les allocations familiales et les retraites, mais également des problématiques de santé au travail, dont l’insertion des handicapés.

Êtes-vous satisfait du modèle de santé français, et quels en sont, selon vous, les principaux points forts et faibles ?

Je suis très satisfait de notre modèle de santé, et très optimiste quant à son avenir. Notre système de santé est basé sur l’égalité et la solidarité. Les Français payent en fonction de leurs revenus, et reçoivent des soins en fonction de leurs besoins. C’est le concept de gestion paritaire.

Notre système de santé se situe parmi les premiers mondiaux. En effet, en juin 2000, l’Organisation Mondiale de la Santé a publié un rapport classant les meilleurs modèles de santé d’après cinq critères, dont le rapport qualité/prix. La France arrive en tête de ce classement, ce qui montre à quel point il a fait ses preuves.

En ce qui concerne les améliorations à apporter à notre modèle de santé, je crois que l’essentiel des efforts à accomplir réside dans la prévention. Il est à noter que la prévention, en matière de santé, coûte très cher. Il va donc falloir trouver des sources de financement pour développer cet aspect dans les années à venir. Le financement de notre système de santé est indiscutablement le principal problème à résoudre, comme dans l’ensemble des pays industrialisés. A ce titre, la notion de coût est arrivée tardivement en France.

Pendant longtemps, la notion d’évaluation de la pratique médicale était bannie. Le corps médical refusait la maîtrise médicalisée, qui permet pourtant une maîtrise des coûts. Puis, la notion de bonnes pratiques est rentrée dans les mœurs. C’est l’évolution de l’assurance maladie. Une fois passé le cap de la peur du progrès, les mentalités ont bien évolué.

La croissance annuelle des dépenses de santé devrait évoluer vers 2 %. Contrairement aux prévisions de certains analystes, le 0 % ne me semble pas réaliste. Pour financer cette croissance des dépenses, notre système a besoin d’évoluer. Mais pour cela, il a besoin de temps. Aujourd’hui, sa gestion nécessite 70 000 salariés, répartis entre corps médical et corps administratif. Il s’agit d’une véritable usine à gaz. De plus, le taux de remplacement des fonctionnaires partant à la retraite est d’environ 60 %. La complexité et la taille des ressources publiques dédiées à la santé impliquent donc du temps pour évoluer.

Il est essentiel de ne pas fermer les yeux sur le problème de financement de la santé. Les besoins vont en augmentant. Ne pas vouloir les prendre en compte est une absurdité, qui mène toujours à la crise. Cela doit passer par une augmentation des cotisations, pour soutenir la dépendance.

Quels aspects de notre modèle de santé pensez-vous que nous pourrions exporter ? Dans quels pays ou régions ?

Le modèle de santé français est transposable en l’état dans d’autres pays, quelle que soit la nature du pays, ou sa situation financière. L’idée d’exporter certains aspects de notre système de santé nécessiterait bien évidemment un certain nombre d’adaptations aux cultures locales, mais il a une vocation universelle. Ceci est lié au fait que le modèle français correspond à une approche collective, et non individuelle. L’exemple du Maroc, qui s’en inspire beaucoup, montre tout son potentiel à l’export. Par opposition, le système américain est celui qui coûte le plus cher, et qui couvre le moins de personnes.

La première chose à organiser est l’hospitalisation, où l’apport est peut-être le plus facile, en tentant de gommer nos dysfonctionnements. De nombreux progrès peuvent être faits dans l’organisation rationnelle de services, et la formation du corps médical. La France peut parfaitement envisager d’exporter un hôpital « clef en main ». La difficulté consiste à établir qui le mettrait en place, le financerait. Là aussi, une nécessaire évolution des mentalités. Ce type de projet est trop souvent perçu uniquement en termes de dépenses, occultant tous les bénéfices qu’il apporterait à la population locale.

Le second aspect à développer, notamment pour améliorer l’efficacité de nos hôpitaux à l’export, est la coopération entre médecine libérale et publique. De même qu’il faut insister sur ce point en France, il est important de développer une forte complémentarité entre médecine libérale et hospitalière.

Enfin, l’exportation de notre modèle de santé ne se fera pas sans une véritable vision stratégique. Cette stratégie fait défaut et beaucoup de tort à la France. L’exemple des conseillers sociaux est éloquent. Sous tutelle du Ministère de la Santé, sept conseillers sociaux sont mandatés à travers le monde. Leur mission n’est pas claire, et ne répond à aucune stratégie. De même, les laboratoires français, comme Fabre, réalisent une partie importante de leur chiffre d’affaires à l’étranger, mais la stratégie fait défaut, qui n’est pas accompagnée d’une volonté affichée de conquérir des parts de marché. « Les politiques ont le nez dans le guidon », et semblent étrangers à toute vision stratégique.

Concluons sur une touche d’optimisme justifié. D’après un sondage réalisé récemment, 51 % des Européens sont satisfaits de leur système de santé. En France, ce taux de satisfaction s’élève à 74 % !!!

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Interview de Mr JAPHET, Président de l'UNPF

M. Japhet, président de l’Union Nationale des Pharmacies de France (UNPF)


Quatre dimensions pour comprendre le système de santé français :

Compétence

Notre système de santé fait partie des meilleurs mondiaux. Le système est organisé de sorte à ce que les différentes professions aient leur indépendance.
Cette réussite est liée à la formation de base, la formation continue et la recherche. Ces trois éléments donnent une pertinence en terme de compétence mais il y aura une défaillance si il manque un des trois.
En France, notre socle de connaissance de base est plus étendu alors que dans d’autres pays, ils privilégient l’expérience à la connaissance de base. Le socle de base est avant tout axé sur les connaissances de base. L’expérience à montré que dans le temps il faut un support de fond pour parfaire les connaissances.
Mais cette connaissance de base doit être mise à jour régulièrement en raison des fréquentes évolutions en matière de santé. La France est un des seuls pays à avoir mis en place un système de formation continue. Cela demande une organisation importante et c’est un système qui est aujourd’hui recherché par d’autres pays.
La formation à la connaissance doit être soutenue par la recherche. Plus la recherche est proche de la formation, plus celle-ci est pertinente. En effet, l’information médicale est différente pour chaque corps de métier. Par exemple, l’information sur un même médicament sera très différente suivant qu’elle sera délivrée à un médecin ou à un pharmacien. Une information formatée sera inadaptée. Ces acteurs ont un rôle complémentaire, ils participent à l’équilibre du système français.


Organisation du soin


Le système français est un système global de prise en charge qui permet de couvrir les risques en évitant de laisser toute une frange de la population de côté.

Les médecins ont une liberté de choix dans leur implantation. Les pharmaciens sont liés à un numerus closus basé sur le nombre d’habitants afin d’assurer une présence homogène sur le territoire.

La France raisonne plutôt par rapport à un intérêt de santé publique plutôt que par rapport à un intérêt économique. C’est une différence majeure avec les autres pays où le système économique prime sur l’intérêt collectif. L’organisation du système nécessite 1 régulation plus stricte. La couverture des soins est meilleure car l’accès aux professionnels de santé est libre.

Le système de santé français est très libre et dispose d’un accès facilité. Le patient est totalement libre de choisir son médecin ou l’endroit dans lequel il veut être soigné.

Notre système est efficace car chacun y a sa place et son rôle. Le système français est cloisonné, de façon à ce que chacun ait son indépendance. Si un des acteurs commence à exploiter une défaillance d’un autre et à prendre sa place, on va tomber dans la médiocrité. Les transferts de compétences sont dangereux car le spécialiste va moins pratiquer et deviendra moins bon, le technicien quant a lui n’ayant pas des connaissances de base aussi poussées que celles du spécialiste. On ne pourra plus faire marche arrière et on perdra une partie du savoir faire et surtout de notre cohérence.

Coûts et moyens


Recherche+compétence+liberté+prise en charge = coût élevé
Nous disposons d’une recherche performante mais qui s’est délitée dans le temps.
Nous sommes rentrés dans un système pervers où les coûts se sont multipliés avec les années.
L’absence de limites et de contrainte à l’accès aux soins entraîne des dérives. Nous sommes dans une surconsommation des produits de santé mais nous continuons à favoriser l’accès libre pour préserver l’équilibre du système.

Pour remédier à ce problème de coûts, il faudrait éclaircir les enveloppes budgétaires pour ce qui est des maladies, des accidents de travail, des accidents de la vie courante, des campagnes de vaccinations… Qui paie quoi ? Qu’est ce que la collectivité doit prendre en compte ou non ? L’Etat ?

Gouvernance


Les politiques sont soit trop marqués (médecins qui ne vont voir que le système de leur point de vue de médecin) soit trop démarqués (énarques ou autres personnes étrangères au monde de la santé).

Est-ce qu’il faut gérer la santé comme une entreprise ou comme un risque humain ? Aujourd’hui, la santé est trop traitée de façon comptable.
Le problème majeur est une gestion à court terme. Il n’y a pas de solutions proposées à moyen ou long terme. La raison en est que le Ministre de la Santé et les personnes travaillant avec lui ont souvent une espérance de vie de deux ans sur leur poste. Ils sont dans une logique de résultat à court terme qui pourra les valoriser, se souciant peu des conséquences à plus long terme.

Est-ce que l’on doit rentrer dans une logique purement économique de la santé ou l’Etat a-t-il un rôle à jouer en terme de politique de santé ? C’est un choix de société.


Conclusion

La santé est-elle un axe de rayonnement stratégique pour la France ?
Oui et Non

La France dispose de l’un des systèmes les mieux organisés, car globalisé (bon niveau de connaissances, de résultat), offrant la meilleure sécurité.
Nous avons un bon niveau de connaissances et de compétence mais il y a un travers : notre système demande d’énormes moyens.

Pour y remédier, il faudrait responsabiliser et éduquer les français.
C’est un choix à prendre. Nous pouvons continuer à tout prendre en charge et énormément contribuer mais nous sommes alors sujet à une forte pression fiscale ou nous pouvons responsabiliser les « consommateurs ». Il s’agirait de ne mutualiser que les soins collectifs, les accidents de la vie courante seraient alors pris en charge par les assurances des patients.

En Europe, on peut distinguer deux types de systèmes : le système anglo-saxon et le système latin. Ces deux systèmes sont totalement différents mais basés sur les mêmes principes : la connaissance du médicament et l’obligation pour les pharmaciens de contrôler la viabilité de la prescription faite par le médecin. Dans le système anglo-saxon, le pharmacien peut modifier la prescription alors que dans le système latin, il va seulement donner son avis.
Le système tend à s’européaniser en raison des AMM qui sont aujourd’hui européennes et à cause de la plus grande liberté de circulation des personnes et des médicaments. Les patients deviennent européens. Il y a des divergences en terme d’organisation mais l’intérêt commun reste la délivrance du médicament.
L’UNPF fait partie du Groupement Pharmaceutique Européen.

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Interview de Mr Bonnefond, secrétaire général de l’USPO

Mr Bonnefond, secrétaire général de l’Union des Syndicats des Pharmaciens d’Officines (USPO)

Estimez-vous que le système de santé français est un axe de rayonnement stratégique pour le France ?

Oui, car la France est un pays à la pointe sur tout le secteur de la santé. C’est un pays novateur dans la recherche et à l’origine de nombreuses technologies et ce dans plusieurs domaines (comme la chirurgie). Notre pays possède aussi une industrie pharmaceutique importante avec notamment Sanofi-Synthelabo qui fait partie du top ten des entreprises pharmaceutiques dans le monde.

Pourtant, depuis quelques années, une problématique est soulevée, celle de la crédibilité des industriels. Ces derniers ont évolué et donnent une image de plus en plus orientée marketing et communication au détriment d’une image plus scientifique et R&D. Cette mutation est la conséquence de contraintes économiques de plus en plus fortes : concurrence, concentration du secteur, coût de la recherche…
Les industriels sont souvent en situation de blocage par rapport à des mutations nécessaires comme les médicaments génériques auxquels ils se sont opposés. Cette attitude risque à terme de nuire à leur crédibilité.


Quels sont les acteurs clés dans cette démarche de rayonnement stratégique, avec lesquels vous pourriez bâtir une stratégie d’alliance ?

Les pharmaciens sont en relation avec de nombreux acteurs comme les associations de patients, les médecins, les assurances maladies et les industriels mais les relations avec ces derniers sont complexes voire peu nombreuses.

Les industriels sont des acteurs clés pour l’image que renvoie le secteur de santé français.

Pourtant, une crise perdure entre industriels et pharmaciens depuis le développement des médicaments génériques. Pendant 15 ans, les laboratoires pharmaceutiques et les médecins étaient en charge du développement des génériques mais les industriels ont bloqués ce déploiement (de 1982 à 1998). Quand les pharmaciens ont dû prendre le relais, les relations se sont tendues.

Aujourd’hui, certains laboratoires pharmaceutiques commencent à sortir de la crise et adoptent des attitudes positives et ont noué des partenariats efficaces avec des pharmaciens.


Quelle stratégie mettre en place pour parvenir à ce rayonnement ?


Les industriels français doivent garder leur indépendance et se plier aux règles internationales pour ne pas sortir de la compétition. Ils doivent absolument conserver une image positive en terme de recherche.

Les industriels, les médecins et les pharmaciens ont tout intérêt à jouer la coopération et à former une équipe pluridisciplinaire au service du patient.

Les industriels connaissent mal les pharmaciens et leur rôle dans le système de santé français. Il y a un manque de dialogue entre ces deux acteurs qui ne se rencontrent pas ou trop peu souvent.

En conséquence, l’industrie pharmaceutique est en train de rater le coche de l’accompagnement du patient. Avec la montée en puissance des médicaments plus ciblés et des protocoles de soins complexes , les patients ont besoin d’un suivi et de conseils individualisés. La tentation est forte pour les industriels d’être en contact direct avec les patients, sans passer par les pharmaciens ou les médecins. Pour cela, ils vont par exemple faire appel à des prestataires extérieurs (call-centers).

Pourtant, l’accompagnement est le cœur de métier des pharmaciens. Ils ont la possibilité de se positionner efficacement dans l’accompagnement des patients. Ils peuvent de plus intervenir sur le dépistage, le suivi (comme pour le diabète, l’asthme), la mise en lumière d’éventuels effets secondaires ou encore la réalisation en commun d’études (observance). Les Pharmaciens ont déjà montré par le passé (pilule du lendemain,toxicomanie,,sida…) qu’ils étaient capables d’être vecteurs de changements et que leur relation privilégiée avec les patients leur permettaient de réaliser un meilleur accompagnement. Reste à définir avec les autorités de santé, les médecins et les industriels, la nature précise de ce suivi.

Les pharmaciens sont des acteurs incontournables pour les industriels. Ceux-ci ne doivent pas être défiants vis-à-vis des pharmaciens mais plutôt les considérer comme des partenaires stratégiques.

Ces actions permettraient de sécuriser le système de santé et donc par le même biais d’améliorer l’image des industriels. Tout le monde s’y retrouverait.

Enfin, tout un travail doit également être réalisé avec les associations de patients qui sont toujours plus présentes et critiques, les patients se montrant de moins en moins dociles et de plus en plus regardants avec une grande soif de connaissance. Les conseils du médecin et du pharmacien sont une valeur forte pour le patient. C’est un point sur lequel les politiques sont sensibles.

C’est un discours que tiennent les pharmaciens depuis environ 4 ans mais malheureusement, les réactions sont lentes.

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Interview de Jean Pierre Cassan, Président de la FEFIS



La FEFIS est un syndicat professionnel qui regroupe les entreprises de l'industrie des médicaments à usage humain et vétérinaires, des dispositifs et matériels médicaux



Quelle est votre vision du système de santé français?


Il y a le plan du citoyen et celui de l’industriel.
Pour le citoyen c’est un bon système car la sécurité sociale rembourse bien, toute personne peut se faire soigner …. Nous avons des mutuelles complémentaires, 90% de la population est couverte aujourd’hui… un bon système.
Nous gagnons 3 mois de vie chaque année, donc de plus en plus de centenaires et de personnes de plus de 80 ans. De nouvelles maladie arrivent par ce système de santé car on est mieux soignés et que l’on vie mieux… ceci s’observe dans tous les pays industrialisés, la France est leader là-dedans, mais ces nouvelles maladies vont coûter des frais.
Toute personne qui vie est une personne qui dépense mais aussi une personne qui rapporte. Toutefois, les centres de frais ne sont pas toujours au même endroit : on voit ce qui coûte, on ne voit pas ce qui rapporte (une personne de 90 ans consomme des infirmières, des aides soignantes, c’est une personne qui boit et qui mange, qui consomme) mais ce budget, dont le budget santé vient en dépense et pas forcement en recette : dans les recettes, c’est une infirmière qui travaille pour s’occuper de ces personnes

La Fefis tire-t-elle un avantage de ce système français?

La Fefis ne tire pas d’avantage, la santé est toujours vue comme un cout, pas comme un produit économique qui rapporte au pays. Comment faire pour que ca rapporte ?
Quand vous avez au sein de la Fefis sur le plan économique une recherche, un développement, une production, une commercialisation… la seule chose dans un pays que l’on ne peut pas ne pas avoir c’est la commercialisation. Est-ce que l’on continuera avoir de la recherche, du développement et de la production ?
Ces trois premiers éléments sont mis dans les endroits les plus favorables, pour des raisons de cerveaux, de coûts ou d’attirance pour un pays qui reconnait que la santé est stratégique pour le pays car la santé est mondiale, on pense que les entreprises US doivent être performantes aux US pour être performantes ailleurs et la recherche doit être performante car c’est de cette recherche que naissent de nouveaux médicaments, de nouveaux outils (optique, matériel…) qui vont permettre d’avoir une indépendance vis-à-vis de l’extérieur et le vendre à l’intérieur et à l’extérieur
Les Etats-Unis et la Grande Bretagne l’ont compris, les Français sont pour l’instant à cheval, ils disent qu’ils veulent mais ne font pas grand chose là-dedans.

Les pôles de compétitivité sont axés sur les questions médicales, est-ce que la Fefis se retrouve dans ce type de pôles ?


Oui nous nous retrouvons car ces pôles sont essentiels, à condition de ne pas faire du franco-français, à condition que la France se connecte au reste, car la France ne peut pas vivre seule, elle doit être performante dans la concurrence mondiale, elle est concurrente des autres pays européens tout en étant dans l’Europe.
Mais quand elle est dans l’Europe elle doit y être entièrement par rapport à l’extérieur. Elle ne peut le faire que si elle connait parfaitement tout ce qui se passe a l’international.

Pensez-vous que le modèle de santé français soit générateur d’influence à l’étranger?


Pas de modèle français, il y a un modèle vis-à-vis des citoyens, mais çà n’intéresse pas la Fefis car elle n’a pas de leçon à donner à d’autres pays.
Par contre la question fondamentale est que nous soignons très bien en France.
Quelle est alors votre vision ?
Que la France accepte que la santé soit un axe stratégique prioritaire pour notre pays, comme l’armement.
La santé fait partie de la stratégie du pays : on facilite le R&D et on incite les entreprises françaises ou étrangères à venir s’installer en France, faciliter l’investissement sur notre pays (+ politique de prix plus favorable).
Comment le Fefis pourrait s’engager pour arriver à cette situation ?
La Fefis est en train de finaliser :
-une cartographie de tous les points Fefis par département. Pour montrer aux décideurs locaux en quoi la santé dans leur secteur est économique intéressante pour eux et le futur de leur région : montrer les avantages pour un décideur local, qui ne sait pas toujours que des emplois de santé existent dans son environnement local.
-prise de l’initiative de réunir tout ce qui est santé en France en dehors de la Fefis. La Fefis ne peut rien faire sans eux, toutes les parties prenantes sont liées. Enfin, il y a aussi les hôpitaux publics ou privés, car il faut bien mettre les malades quelque part.
Ces 4 entités (industries de santé, acteurs de santé, Hôpitaux, pouvoirs publics) réunissent ce qui est la santé en France. Comment pouvons-nous nous améliorer tous les 4 ensembles et réfléchir sur le futur.
Lorsque l’on a un matériel qui va faire un diagnostic plus en profondeur qu’avant, il y a aussi des matériels utilisés aujourd’hui qui vont disparaitre, ce qui est un surcoût, donc il faut savoir se préparer à l’avance pour que tout le personnel paramédical et médical s’adapte en amont pour que quand le produit arrive tout le monde soit prêt.

Avec quels acteurs du système français ne pourriez-vous pas monter d’alliance?


Aucun
Le dialogue peut être plus difficile, certain acteurs plus difficiles à pénétrer (CNAM, certaines mutuelles) car il y a un raisonnement français selon lequel un rapprochement est mal vu par ces acteurs qui considèrent mal les industries de santé. Les industries de santé sont considérées comme le diable. Le diable est cependant peut-être ailleurs !
La CNAM n’est pas contre la Fefis mais ils ont des barrières, peur de trop se rapprocher de l’industrie en étant le payeur dans le cadre du système.

Quelles sont vos relations avec les associations de patients?


La Fefis a des relations avec ses membres, pas avec les patients. Ce sont les membres de la Fefis qui ont des relations directes avec les patients.
La Fefis a une vision, que chacun soit responsable de son métier : la Fefis ne se bat que sur un point : la santé sur un point ECONOMIQUE et SOCIETAL. Le reste c’est l’affaire des syndicats dans chaque discipline, c’est leur responsabilité de prendre en compte les patients.

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1 juin 2007

Interview de Mr Pascal REGEN, président de la CSNDPP


M. Pascal REGEN : Président de la Chambre Syndicale Nationale des Dépositaires de Produits Pharmaceutiques


  1. Estimez-vous que le système de santé français est un axe de rayonnement stratégique pour la France ?

Oui, cela devrait l’être. C’est un bon système, accessible à tous. La France a des acquis mais a perdu son avance. Plusieurs raisons à cela

  • le problème de la recherche ;
  • les pôles de compétitivité ;
  • la pénurie des personnels de santé ;
  • un problème de gouvernance.

La recherche:

Notre pays forme des gens brillants qui s’expatrient à cause de conditions défavorables (matérielles et environnement) pour eux en France.

La recherche coûte de plus en plus cher. La recherche se fait principalement par l’industrie pharmaceutique et donc par des fonds issus du privé. En comparaison, la recherche publique est très faible. L’industrie pharmaceutique se mondialise et les investissements pour la recherche également. Les financements se font à une échelle internationale. Le rythme des innovations s’est ralenti. Le financement de la recherche à l’heure actuelle demanderait des fond colossaux qui ne peuvent à être pris en charge à la seule échèle d’un pays.

On ne peut pas avoir de rayonnement sans une recherche performante et organisée. D’autre part, nous sommes confrontés à un problème de mentalités certain, notamment dans les relations entre public et privé. Il n’y a pas pour le moment une véritable synergie entre les acteurs du public et du privé. Il y a un décalage d’approche et de conception vis-à-vis du fonctionnement de la recherche.

Les pôles de compétitivité:


Ces pôles démarrent seulement en France et sont encore loin d’être opérationnels. Nous sommes très en retard par rapport à un pays comme les Etats-Unis où les pôles de compétitivités ont fait leur apparition dans les années 60 et sont pleinement opérationnels depuis les années 80. Autrement dit, nous avons un décalage effectif d’une trentaine d’années avec les Etats-Unis (1980-2010). Ce qui est peut être inquiétant c’est que l’on se lance seulement maintenant dans le développement des pôles de compétitivité.

Il est essentiel de faire collaborer le public et le privé. C’est une démarche difficile en France car on a une mauvaise image du privé.

La culture anglosaxone est beaucoup plus avancée que nous en matière de relations public/privé. Le public externalise certaines activités vers le privé. Nous avons des visions très différentes de l’investissement. Si l’on considère l’exemple des hôpitaux, l’externalisation pourrait permettre de réduire les charges que les hôpitaux français supportent.

La pénurie des personnels de santé:

L’instauration des numerus clausus était nécessaire à un moment où il y avait beaucoup de médecins mais aujourd’hui nous sommes confrontés à une pénurie.

Les contraintes des métiers des personnels de santé (médecins ou infirmiers) ne sont pas compensées par les salaires ou les conditions de travail. On assiste pour les infirmières à des cessations d’activité fréquentes dues à ces contraintes.

En conséquence, de nombreux médecins urgentistes viennent de l’étranger et parlent souvent mal notre langue. C’est le même problème pour les infirmières. A cause de cette pénurie, on fait venir du personnel de l’étranger.

De plus, si la pénurie de médecins s’accentue, dans les ruralité, les infirmières et les pharmaciens pourraient être autorisés à prescrire certains produits de base. Les médecins s’y opposeraient mais si nous n’avons pas le choix, nous y viendrons.

La question de la rémunération joue un rôle clé qui pèse sur la démographie médicale.

Une mauvaise image:

On ne sait pas mettre en valeur la santé. On montre seulement ce que cela coûte et pas ce qui a été investi. On oublie les avancées majeures de ces dernières années.

La conséquence en est une mauvaise image de l’industrie pharmaceutique dans l’inconscient collectif. Le secteur est mis au même rang que les industries de l’armement ou du tabac.

C’est un vrai problème et cela ne facilite pas les choses pour trouver des capitaux.

Nous sommes dans un système de culpabilisation des professionnels de santé avec le gouvernement dans le rôle du culpabilisateur. Il y a une incompréhension de la part des pouvoirs publics. La santé est gérée par des comptables. On a l’impression que le Ministère de la santé ne s’attache qu’à gérer les finances de la sécurité sociale.

En conclusion, la France est techniquement très performante sur le secteur de la santé mais il y a un problème d’image et de gouvernance. Il faut tout faire pour garder notre spécificité et notre avance sur le secteur. Il faut sortir de la logique de culpabilisation. Nous avons la culture, nous avons les bases mais nous nous sommes engagés sur un mauvais chemin.

  1. Quelles sont vos relations avec les autres acteurs de la santé ?

Les acteurs de la santé essayent de s’allier plus qu’avant mais il y a toujours des intérêts divergents. C’est donc une intention difficile à mettre en œuvre. Les pouvoirs publics ont aussi à intérêt à diviser pour mieux régner.

La CSNDPP travaille surtout avec la Chambre Syndicale de la Répartition Pharmaceutique (CSRP), tous les syndicats de pharmaciens, le LEEM et les membres de la FEFIS.

A l’inverse, la CSNDPP a peu ou pas de relations avec les syndicats de médecins. Cette tendance devrait évoluer car la distribution des échantillons de médicaments qui se faisait par les visiteurs médicaux est interdite depuis l’année dernière. Les dépositaires de produits pharmaceutiques ont pris le relais et une relation devrait s’établir entre les deux acteurs.

Il n’y a pas non plus de relation avec des acteurs européens ou internationaux, les métiers des dépositaires étant des fonctions très nationales.

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