8 juin 2007

Interview de Jean Pierre Cassan, Président de la FEFIS



La FEFIS est un syndicat professionnel qui regroupe les entreprises de l'industrie des médicaments à usage humain et vétérinaires, des dispositifs et matériels médicaux



Quelle est votre vision du système de santé français?


Il y a le plan du citoyen et celui de l’industriel.
Pour le citoyen c’est un bon système car la sécurité sociale rembourse bien, toute personne peut se faire soigner …. Nous avons des mutuelles complémentaires, 90% de la population est couverte aujourd’hui… un bon système.
Nous gagnons 3 mois de vie chaque année, donc de plus en plus de centenaires et de personnes de plus de 80 ans. De nouvelles maladie arrivent par ce système de santé car on est mieux soignés et que l’on vie mieux… ceci s’observe dans tous les pays industrialisés, la France est leader là-dedans, mais ces nouvelles maladies vont coûter des frais.
Toute personne qui vie est une personne qui dépense mais aussi une personne qui rapporte. Toutefois, les centres de frais ne sont pas toujours au même endroit : on voit ce qui coûte, on ne voit pas ce qui rapporte (une personne de 90 ans consomme des infirmières, des aides soignantes, c’est une personne qui boit et qui mange, qui consomme) mais ce budget, dont le budget santé vient en dépense et pas forcement en recette : dans les recettes, c’est une infirmière qui travaille pour s’occuper de ces personnes

La Fefis tire-t-elle un avantage de ce système français?

La Fefis ne tire pas d’avantage, la santé est toujours vue comme un cout, pas comme un produit économique qui rapporte au pays. Comment faire pour que ca rapporte ?
Quand vous avez au sein de la Fefis sur le plan économique une recherche, un développement, une production, une commercialisation… la seule chose dans un pays que l’on ne peut pas ne pas avoir c’est la commercialisation. Est-ce que l’on continuera avoir de la recherche, du développement et de la production ?
Ces trois premiers éléments sont mis dans les endroits les plus favorables, pour des raisons de cerveaux, de coûts ou d’attirance pour un pays qui reconnait que la santé est stratégique pour le pays car la santé est mondiale, on pense que les entreprises US doivent être performantes aux US pour être performantes ailleurs et la recherche doit être performante car c’est de cette recherche que naissent de nouveaux médicaments, de nouveaux outils (optique, matériel…) qui vont permettre d’avoir une indépendance vis-à-vis de l’extérieur et le vendre à l’intérieur et à l’extérieur
Les Etats-Unis et la Grande Bretagne l’ont compris, les Français sont pour l’instant à cheval, ils disent qu’ils veulent mais ne font pas grand chose là-dedans.

Les pôles de compétitivité sont axés sur les questions médicales, est-ce que la Fefis se retrouve dans ce type de pôles ?


Oui nous nous retrouvons car ces pôles sont essentiels, à condition de ne pas faire du franco-français, à condition que la France se connecte au reste, car la France ne peut pas vivre seule, elle doit être performante dans la concurrence mondiale, elle est concurrente des autres pays européens tout en étant dans l’Europe.
Mais quand elle est dans l’Europe elle doit y être entièrement par rapport à l’extérieur. Elle ne peut le faire que si elle connait parfaitement tout ce qui se passe a l’international.

Pensez-vous que le modèle de santé français soit générateur d’influence à l’étranger?


Pas de modèle français, il y a un modèle vis-à-vis des citoyens, mais çà n’intéresse pas la Fefis car elle n’a pas de leçon à donner à d’autres pays.
Par contre la question fondamentale est que nous soignons très bien en France.
Quelle est alors votre vision ?
Que la France accepte que la santé soit un axe stratégique prioritaire pour notre pays, comme l’armement.
La santé fait partie de la stratégie du pays : on facilite le R&D et on incite les entreprises françaises ou étrangères à venir s’installer en France, faciliter l’investissement sur notre pays (+ politique de prix plus favorable).
Comment le Fefis pourrait s’engager pour arriver à cette situation ?
La Fefis est en train de finaliser :
-une cartographie de tous les points Fefis par département. Pour montrer aux décideurs locaux en quoi la santé dans leur secteur est économique intéressante pour eux et le futur de leur région : montrer les avantages pour un décideur local, qui ne sait pas toujours que des emplois de santé existent dans son environnement local.
-prise de l’initiative de réunir tout ce qui est santé en France en dehors de la Fefis. La Fefis ne peut rien faire sans eux, toutes les parties prenantes sont liées. Enfin, il y a aussi les hôpitaux publics ou privés, car il faut bien mettre les malades quelque part.
Ces 4 entités (industries de santé, acteurs de santé, Hôpitaux, pouvoirs publics) réunissent ce qui est la santé en France. Comment pouvons-nous nous améliorer tous les 4 ensembles et réfléchir sur le futur.
Lorsque l’on a un matériel qui va faire un diagnostic plus en profondeur qu’avant, il y a aussi des matériels utilisés aujourd’hui qui vont disparaitre, ce qui est un surcoût, donc il faut savoir se préparer à l’avance pour que tout le personnel paramédical et médical s’adapte en amont pour que quand le produit arrive tout le monde soit prêt.

Avec quels acteurs du système français ne pourriez-vous pas monter d’alliance?


Aucun
Le dialogue peut être plus difficile, certain acteurs plus difficiles à pénétrer (CNAM, certaines mutuelles) car il y a un raisonnement français selon lequel un rapprochement est mal vu par ces acteurs qui considèrent mal les industries de santé. Les industries de santé sont considérées comme le diable. Le diable est cependant peut-être ailleurs !
La CNAM n’est pas contre la Fefis mais ils ont des barrières, peur de trop se rapprocher de l’industrie en étant le payeur dans le cadre du système.

Quelles sont vos relations avec les associations de patients?


La Fefis a des relations avec ses membres, pas avec les patients. Ce sont les membres de la Fefis qui ont des relations directes avec les patients.
La Fefis a une vision, que chacun soit responsable de son métier : la Fefis ne se bat que sur un point : la santé sur un point ECONOMIQUE et SOCIETAL. Le reste c’est l’affaire des syndicats dans chaque discipline, c’est leur responsabilité de prendre en compte les patients.

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