8 juin 2007

Interview de Mr Bonnefond, secrétaire général de l’USPO

Mr Bonnefond, secrétaire général de l’Union des Syndicats des Pharmaciens d’Officines (USPO)

Estimez-vous que le système de santé français est un axe de rayonnement stratégique pour le France ?

Oui, car la France est un pays à la pointe sur tout le secteur de la santé. C’est un pays novateur dans la recherche et à l’origine de nombreuses technologies et ce dans plusieurs domaines (comme la chirurgie). Notre pays possède aussi une industrie pharmaceutique importante avec notamment Sanofi-Synthelabo qui fait partie du top ten des entreprises pharmaceutiques dans le monde.

Pourtant, depuis quelques années, une problématique est soulevée, celle de la crédibilité des industriels. Ces derniers ont évolué et donnent une image de plus en plus orientée marketing et communication au détriment d’une image plus scientifique et R&D. Cette mutation est la conséquence de contraintes économiques de plus en plus fortes : concurrence, concentration du secteur, coût de la recherche…
Les industriels sont souvent en situation de blocage par rapport à des mutations nécessaires comme les médicaments génériques auxquels ils se sont opposés. Cette attitude risque à terme de nuire à leur crédibilité.


Quels sont les acteurs clés dans cette démarche de rayonnement stratégique, avec lesquels vous pourriez bâtir une stratégie d’alliance ?

Les pharmaciens sont en relation avec de nombreux acteurs comme les associations de patients, les médecins, les assurances maladies et les industriels mais les relations avec ces derniers sont complexes voire peu nombreuses.

Les industriels sont des acteurs clés pour l’image que renvoie le secteur de santé français.

Pourtant, une crise perdure entre industriels et pharmaciens depuis le développement des médicaments génériques. Pendant 15 ans, les laboratoires pharmaceutiques et les médecins étaient en charge du développement des génériques mais les industriels ont bloqués ce déploiement (de 1982 à 1998). Quand les pharmaciens ont dû prendre le relais, les relations se sont tendues.

Aujourd’hui, certains laboratoires pharmaceutiques commencent à sortir de la crise et adoptent des attitudes positives et ont noué des partenariats efficaces avec des pharmaciens.


Quelle stratégie mettre en place pour parvenir à ce rayonnement ?


Les industriels français doivent garder leur indépendance et se plier aux règles internationales pour ne pas sortir de la compétition. Ils doivent absolument conserver une image positive en terme de recherche.

Les industriels, les médecins et les pharmaciens ont tout intérêt à jouer la coopération et à former une équipe pluridisciplinaire au service du patient.

Les industriels connaissent mal les pharmaciens et leur rôle dans le système de santé français. Il y a un manque de dialogue entre ces deux acteurs qui ne se rencontrent pas ou trop peu souvent.

En conséquence, l’industrie pharmaceutique est en train de rater le coche de l’accompagnement du patient. Avec la montée en puissance des médicaments plus ciblés et des protocoles de soins complexes , les patients ont besoin d’un suivi et de conseils individualisés. La tentation est forte pour les industriels d’être en contact direct avec les patients, sans passer par les pharmaciens ou les médecins. Pour cela, ils vont par exemple faire appel à des prestataires extérieurs (call-centers).

Pourtant, l’accompagnement est le cœur de métier des pharmaciens. Ils ont la possibilité de se positionner efficacement dans l’accompagnement des patients. Ils peuvent de plus intervenir sur le dépistage, le suivi (comme pour le diabète, l’asthme), la mise en lumière d’éventuels effets secondaires ou encore la réalisation en commun d’études (observance). Les Pharmaciens ont déjà montré par le passé (pilule du lendemain,toxicomanie,,sida…) qu’ils étaient capables d’être vecteurs de changements et que leur relation privilégiée avec les patients leur permettaient de réaliser un meilleur accompagnement. Reste à définir avec les autorités de santé, les médecins et les industriels, la nature précise de ce suivi.

Les pharmaciens sont des acteurs incontournables pour les industriels. Ceux-ci ne doivent pas être défiants vis-à-vis des pharmaciens mais plutôt les considérer comme des partenaires stratégiques.

Ces actions permettraient de sécuriser le système de santé et donc par le même biais d’améliorer l’image des industriels. Tout le monde s’y retrouverait.

Enfin, tout un travail doit également être réalisé avec les associations de patients qui sont toujours plus présentes et critiques, les patients se montrant de moins en moins dociles et de plus en plus regardants avec une grande soif de connaissance. Les conseils du médecin et du pharmacien sont une valeur forte pour le patient. C’est un point sur lequel les politiques sont sensibles.

C’est un discours que tiennent les pharmaciens depuis environ 4 ans mais malheureusement, les réactions sont lentes.

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