8 juin 2007

Etude TNS Sofres réalisée pour la Fédération des Syndicats pharmaceutiques de France

· Le 29 mars 2007 - Etude TNS Sofres réalisée pour la Fédération des Syndicats pharmaceutiques de France permet de mesurer l'opinion des Français vis-à-vis de leurs pharmaciens.

Principaux enseignements : malgré des avancées reconnues dans la réforme de l’Assurance Maladie, les inquiétudes et le pessimisme dominent dans l'esprit des Français. Dans le même temps, les pharmaciens semblent totalement échapper à ces jugements moroses. Enfin, un bilan détaillé de l’image et du rôle du pharmacien montre bien la place singulière qu'occupe cette profession dans le système de santé : un acteur du système de santé à part entière, un professionnel du médicament avant tout.

Un sentiment de détérioration du système de soins en France

55% des Français interrogés estiment qu’au cours des dernières années, le système de soins en France s’est plutôt détérioré, pour seulement 32% qu’il s’est plutôt amélioré et 9% qu’il n’a pas changé.

Le jugement varie selon les catégories, l’évolution étant ressentie plus positivement par les populations les plus fragiles : les chômeurs sont 53% à penser que le système de soins s’est amélioré, de même que 48% des 18-24 ans et 45% des individus vivant dans un ménage aux revenus inférieurs à 800 euros par mois. La préférence partisane structure également les opinions, 38% des partisans de la droite parlementaire voient une amélioration, pour seulement 27% des partisans de la gauche.

Le médicament est désigné comme la principale cause de l’augmentation du déficit de la Sécurité Sociale.

Parmi les différentes causes du déficit de l’assurance maladie, ce sont les médicaments qui semblent le plus mis en cause, que ce soit à cause de leur consommation excessive ou de leur coût élevé.

Ainsi, 30% des répondants estiment que c’est la consommation excessive de médicaments qui explique le plus le déficit de l’Assurance Maladie – avis davantage partagé par les jeunes –, et 16% pensent que c’est leur coût élevé. Au total, ce sont donc 46% de citations qui concernent les médicaments.

Viennent ensuite, à des niveaux moindres, des causes liées au comportement des usagers de l’Assurance Maladie : 15% des répondants désignent le nombre d’arrêts de travail (31% des répondants travaillant à leur compte), 10% le nombre trop élevé de visites chez le médecin, 8% le recours excessif des patients au système hospitalier, 4% la surconsommation des soins et de médicaments des personnes âgées ou encore le nombre trop élevé d’examens médicaux.

Une autre cause est mise en avant par 7% des interviewés : il s’agit de la mauvaise gestion des hôpitaux.

La plupart des mesures prises dans le cadre de l’Assurance Maladie sont jugées positivement par les Français, Carte vitale en tête

93% des répondants pensent que la Carte Vitale est une mesure plutôt positive, contre 5% plutôt négative. Vient ensuite la généralisation des médicaments génériques, jugée positivement par 80% des Français interrogés.

Les deux autres réformes proposées font moins consensus, puisque le médecin référent est considéré comme une réforme positive par 56% d’entre eux, négative par 37%.

Le déremboursement de certains médicaments est quant à lui jugé négativement par la majorité des personnes interrogées : 29% trouvent que c’est une mesure plutôt positive, contre 66% plutôt négative. Là encore, les résultats sont patents, c’est la question du coût des médicaments et de leur prise en charge qui fait le plus débat, mettant ainsi en avant une sensibilité particulière des répondants devant les inégalités d’accès aux soins et à la santé.

Alors que les réformes liées à la Carte Vitale et au médecin référent suscitent peu de clivages, il apparaît que le jugement positif des réformes de généralisation des médicaments génériques et le déremboursement de certains médicaments augmente avec le niveau de diplôme des personnes interrogées. En ce qui concerne la généralisation des médicaments génériques d’abord, 67% des personnes n’ayant pas de diplôme jugent cette réforme positive, ce chiffre allant croissant pour atteindre 89% des personnes ayant fait des études supérieures. Et il en va de même avec le niveau de revenu. Les individus les moins favorisés culturellement, de même qu’économiquement, souffrent manifestement davantage que les autres d’un manque d’information, voire d’une méfiance vis-à-vis d’une réforme qui pourtant, leur permet d’obtenir des médicaments à moindre coût. Enfin, concernant le déremboursement de certains médicaments, seuls 19% des non diplômés jugent cette réforme positive, pour 34% des diplômés de l’enseignement supérieur.

Des chiffres qui confirment la superposition des clivages culturels et socio-économiques sur la structuration des opinions par rapport aux changements récents du système de soins.

Un pronostic qui reste sombre

Le jugement positif des mesures prises récemment dans le cadre de la réforme de l’Assurance Maladie n’empêche pas, loin s’en faut, une projection pessimiste de l’avenir du système de santé en France. Ainsi, 56% des Français interrogés se disent pessimistes, 40% optimistes. Cependant, et pour relativiser cette vision somme toute noire, seuls 8% se montrent très pessimistes.

Les plus optimistes sont à chercher du côté des jeunes (61% se disent très ou plutôt optimiste), mais également des chômeurs (52%). Ces catégories qui ont noté dans le système de soins français une amélioration au cours de ces dernières années, se placent par conséquent dans une position d’ensemble beaucoup plus positive que les autres.

Un niveau de confiance en son pharmacien très élevé

Tout d’abord, 93% des répondants font confiance à leur pharmacien, dont 53% tout à fait confiance. Cette confiance va croissant avec l’âge des personnes interrogées, les 18-24 ans étant 49% à faire tout à fait confiance à leur pharmacien, les 65 ans et +, 61%. Ce score extrêmement élevé et presque unanime témoigne du capital de confiance quasi-inégalé dont dispose cette profession dans la population.

Un bilan également très positif de la répartition des pharmacies sur le territoire

94% des répondants se montrent satisfaits du nombre de pharmacies à proximité de leur lieu d’habitation, et ce même en milieu rural isolé (94%).

Les habitants des communes périurbaines se sentent légèrement moins favorisés : 89% déclarent que, là où ils habitent, le nombre de pharmacies est satisfaisant (dont 56% tout à fait et 33% de plutôt satisfaisant).

Dans les pôles urbains en revanche, la proportion de répondants qui déclarent que le nombre de pharmacies à proximité de leur domicile est tout à fait satisfaisant s’élève à 68%, pour seulement 56% dans les communes périurbaines et même 53% dans les espaces ruraux sous influence urbaine.

Modernisation des officines et développement du rôle de conseil du pharmacien : des évolutions reconnues par la plupart des répondants

En effet, 86% des répondants pensent que les pharmaciens ont modernisé leurs officines ces dernières années, 68% qu’ils ont progressé dans leur rôle de conseil.

Un pharmacien professionnel de santé plus que commerçant

69% des Français interrogés voient leur pharmacien comme un professionnel de santé davantage comme un commerçant qui vend des produits. 19% ont la vision inverse et 11% estiment qu’il est les deux à la fois.

Cette image du pharmacien conseiller traverse toutes les catégories, même si les personnes non diplômées et les habitants des communes de 20 000 à 100 000 habitants partagent davantage cet avis : respectivement 77% et 78% d’entre eux pensent qu’un pharmacien est plutôt un professionnel de santé à qui l’on peut demander des conseils. La perception de la fonction commerciale du pharmacien n’est par conséquent pas niée mais clairement placée en second plan.

Des attentes qui s’articulent autour du médicament

Lorsqu’on leur demande ce qu’ils attendent prioritairement de leur pharmacien, les Français concentrent nettement leurs réponses autour du thème du médicament : le pharmacien est donc attendu dans son rôle d’expert, bien placé pour donner des conseils en termes d’achat, de choix et de bon usage des produits qu’il vend. Bien au-delà de la stricte délivrance de médicaments, c’est précisément sur sa plus-value autour de ce produit particulier qu’est le médicament que le pharmacien est particulièrement attendu.

Ainsi, deux tiers des personnes interrogées attendent de leur pharmacien qu’il « donne des explications ou des précisions sur les médicaments ou la façon de les prendre ». Le rôle de « contrôle des ordonnances » arrive en deuxième position, avec 46% de citations. Par ailleurs, 39% des personnes interrogées souhaitent que leur pharmacien donne des conseils de santé et fasse de la prévention.

Le pharmacien n’est donc pas vu comme un simple exécutant des ordres du médecin, il est attendu pour ses prédispositions au dialogue et sa capacité à répondre aux interrogations des personnes qui le sollicitent.

Son rôle est toutefois bien distinct du celui du médecin, et seuls 13% des répondants attendent de leur pharmacien qu’il aide à résoudre certains problèmes de santé. Enfin, 12% attendent de lui qu’il apporte des services d’aides à la personne comme des aides à domicile.

A l’avenir, un rôle pédagogique et une mission de prestataire de services à renforcer

Une majorité de personnes interrogées estime que le rôle du pharmacien doit être renforcé, en se montrant favorable aux cinq propositions d’évolution qui leur sont soumises. C’est surtout dans le domaine de l’information et de la sensibilisation du public, ainsi que de domaine de la veille que les pharmaciens sont attendus. Ainsi, 83% des répondants sont favorables au renforcement du rôle des pharmaciens en matière d’information et de sensibilisation du grand public dans le cadre de campagnes nationales, de même pour la mise en place d’un dispositif de veille sanitaire.

Si les services d’aide à la personne ne constituent pas une attente prioritaire des répondants, ceux-ci sont en revanche favorables, pour 76% d’entre eux, à ce que les pharmaciens se déplacent à domicile pour servir les personnes dépendantes. L’aide à domicile, malgré ce terreau favorable, ne semble donc pas être une priorité.

La mise en place d’un dossier médical partagé entre tous les professionnels de santé est également perçue comme une évolution positive du rôle du pharmacien : 76% des personnes interrogées y sont favorables, dont un quart très favorables.

Bien que suscitant l’adhésion d’une courte majorité de répondants (53%), le fait de donner aux pharmaciens le droit de prescrire certains médicaments remboursables sans passer par un médecin reste cependant moins positif aux yeux des Français interrogés. 45% y sont défavorables, dont 24% pas favorables du tout, ce qui est loin d’être négligeable. Ceci vient appuyer le fait que le pharmacien, on l’a vu, est perçu comme complémentaire du médecin mais ne doit pas s’y substituer.

A l’avenir, pour répondre aux attentes des Français, les pharmaciens devront non pas prendre en charge des missions d’autres professionnels, que ce soit les médecins ou les entreprises de services mais plutôt optimiser et densifier leur mission d’expert du médicament, comme de ses usages.

La singularité du positionnement des pharmaciens

Au total, une étude qui montre à quel point le positionnement des pharmaciens dans le système de soins est singulier, et ce à plus d’un titre :

- alors que les jugements sur le système de santé sont très négatifs, l’image des pharmaciens se révèle plus que satisfaisante ;

- alors que les évolutions et les perspectives sur le système de santé sont plutôt décourageantes, les évolutions réalisées dans les pharmacies, – qu’il s’agisse de la modernisation des officines ou de l’affirmation du rôle du conseil – sont reconnues et saluées ;

- alors que les usages excessifs ou inadéquats des médicaments sont jugés en grande partie responsables du déficit croissant de la sécurité sociale, les attentes en forme d’exigences des usagers vis-à-vis de leurs pharmaciens sur la prévention, l’information, la pédagogie et les conseils sur et autour du médicament, placent les pharmaciens au cœur de la mutation du système de santé.

Fabienne SIMON

· http://www.ctip.asso.fr/fichiers_pdf/rapport_sondage.pdf

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