8 juin 2007

Interview de Mr JAPHET, Président de l'UNPF

M. Japhet, président de l’Union Nationale des Pharmacies de France (UNPF)


Quatre dimensions pour comprendre le système de santé français :

Compétence

Notre système de santé fait partie des meilleurs mondiaux. Le système est organisé de sorte à ce que les différentes professions aient leur indépendance.
Cette réussite est liée à la formation de base, la formation continue et la recherche. Ces trois éléments donnent une pertinence en terme de compétence mais il y aura une défaillance si il manque un des trois.
En France, notre socle de connaissance de base est plus étendu alors que dans d’autres pays, ils privilégient l’expérience à la connaissance de base. Le socle de base est avant tout axé sur les connaissances de base. L’expérience à montré que dans le temps il faut un support de fond pour parfaire les connaissances.
Mais cette connaissance de base doit être mise à jour régulièrement en raison des fréquentes évolutions en matière de santé. La France est un des seuls pays à avoir mis en place un système de formation continue. Cela demande une organisation importante et c’est un système qui est aujourd’hui recherché par d’autres pays.
La formation à la connaissance doit être soutenue par la recherche. Plus la recherche est proche de la formation, plus celle-ci est pertinente. En effet, l’information médicale est différente pour chaque corps de métier. Par exemple, l’information sur un même médicament sera très différente suivant qu’elle sera délivrée à un médecin ou à un pharmacien. Une information formatée sera inadaptée. Ces acteurs ont un rôle complémentaire, ils participent à l’équilibre du système français.


Organisation du soin


Le système français est un système global de prise en charge qui permet de couvrir les risques en évitant de laisser toute une frange de la population de côté.

Les médecins ont une liberté de choix dans leur implantation. Les pharmaciens sont liés à un numerus closus basé sur le nombre d’habitants afin d’assurer une présence homogène sur le territoire.

La France raisonne plutôt par rapport à un intérêt de santé publique plutôt que par rapport à un intérêt économique. C’est une différence majeure avec les autres pays où le système économique prime sur l’intérêt collectif. L’organisation du système nécessite 1 régulation plus stricte. La couverture des soins est meilleure car l’accès aux professionnels de santé est libre.

Le système de santé français est très libre et dispose d’un accès facilité. Le patient est totalement libre de choisir son médecin ou l’endroit dans lequel il veut être soigné.

Notre système est efficace car chacun y a sa place et son rôle. Le système français est cloisonné, de façon à ce que chacun ait son indépendance. Si un des acteurs commence à exploiter une défaillance d’un autre et à prendre sa place, on va tomber dans la médiocrité. Les transferts de compétences sont dangereux car le spécialiste va moins pratiquer et deviendra moins bon, le technicien quant a lui n’ayant pas des connaissances de base aussi poussées que celles du spécialiste. On ne pourra plus faire marche arrière et on perdra une partie du savoir faire et surtout de notre cohérence.

Coûts et moyens


Recherche+compétence+liberté+prise en charge = coût élevé
Nous disposons d’une recherche performante mais qui s’est délitée dans le temps.
Nous sommes rentrés dans un système pervers où les coûts se sont multipliés avec les années.
L’absence de limites et de contrainte à l’accès aux soins entraîne des dérives. Nous sommes dans une surconsommation des produits de santé mais nous continuons à favoriser l’accès libre pour préserver l’équilibre du système.

Pour remédier à ce problème de coûts, il faudrait éclaircir les enveloppes budgétaires pour ce qui est des maladies, des accidents de travail, des accidents de la vie courante, des campagnes de vaccinations… Qui paie quoi ? Qu’est ce que la collectivité doit prendre en compte ou non ? L’Etat ?

Gouvernance


Les politiques sont soit trop marqués (médecins qui ne vont voir que le système de leur point de vue de médecin) soit trop démarqués (énarques ou autres personnes étrangères au monde de la santé).

Est-ce qu’il faut gérer la santé comme une entreprise ou comme un risque humain ? Aujourd’hui, la santé est trop traitée de façon comptable.
Le problème majeur est une gestion à court terme. Il n’y a pas de solutions proposées à moyen ou long terme. La raison en est que le Ministre de la Santé et les personnes travaillant avec lui ont souvent une espérance de vie de deux ans sur leur poste. Ils sont dans une logique de résultat à court terme qui pourra les valoriser, se souciant peu des conséquences à plus long terme.

Est-ce que l’on doit rentrer dans une logique purement économique de la santé ou l’Etat a-t-il un rôle à jouer en terme de politique de santé ? C’est un choix de société.


Conclusion

La santé est-elle un axe de rayonnement stratégique pour la France ?
Oui et Non

La France dispose de l’un des systèmes les mieux organisés, car globalisé (bon niveau de connaissances, de résultat), offrant la meilleure sécurité.
Nous avons un bon niveau de connaissances et de compétence mais il y a un travers : notre système demande d’énormes moyens.

Pour y remédier, il faudrait responsabiliser et éduquer les français.
C’est un choix à prendre. Nous pouvons continuer à tout prendre en charge et énormément contribuer mais nous sommes alors sujet à une forte pression fiscale ou nous pouvons responsabiliser les « consommateurs ». Il s’agirait de ne mutualiser que les soins collectifs, les accidents de la vie courante seraient alors pris en charge par les assurances des patients.

En Europe, on peut distinguer deux types de systèmes : le système anglo-saxon et le système latin. Ces deux systèmes sont totalement différents mais basés sur les mêmes principes : la connaissance du médicament et l’obligation pour les pharmaciens de contrôler la viabilité de la prescription faite par le médecin. Dans le système anglo-saxon, le pharmacien peut modifier la prescription alors que dans le système latin, il va seulement donner son avis.
Le système tend à s’européaniser en raison des AMM qui sont aujourd’hui européennes et à cause de la plus grande liberté de circulation des personnes et des médicaments. Les patients deviennent européens. Il y a des divergences en terme d’organisation mais l’intérêt commun reste la délivrance du médicament.
L’UNPF fait partie du Groupement Pharmaceutique Européen.

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Interview de Mr Bonnefond, secrétaire général de l’USPO

Mr Bonnefond, secrétaire général de l’Union des Syndicats des Pharmaciens d’Officines (USPO)

Estimez-vous que le système de santé français est un axe de rayonnement stratégique pour le France ?

Oui, car la France est un pays à la pointe sur tout le secteur de la santé. C’est un pays novateur dans la recherche et à l’origine de nombreuses technologies et ce dans plusieurs domaines (comme la chirurgie). Notre pays possède aussi une industrie pharmaceutique importante avec notamment Sanofi-Synthelabo qui fait partie du top ten des entreprises pharmaceutiques dans le monde.

Pourtant, depuis quelques années, une problématique est soulevée, celle de la crédibilité des industriels. Ces derniers ont évolué et donnent une image de plus en plus orientée marketing et communication au détriment d’une image plus scientifique et R&D. Cette mutation est la conséquence de contraintes économiques de plus en plus fortes : concurrence, concentration du secteur, coût de la recherche…
Les industriels sont souvent en situation de blocage par rapport à des mutations nécessaires comme les médicaments génériques auxquels ils se sont opposés. Cette attitude risque à terme de nuire à leur crédibilité.


Quels sont les acteurs clés dans cette démarche de rayonnement stratégique, avec lesquels vous pourriez bâtir une stratégie d’alliance ?

Les pharmaciens sont en relation avec de nombreux acteurs comme les associations de patients, les médecins, les assurances maladies et les industriels mais les relations avec ces derniers sont complexes voire peu nombreuses.

Les industriels sont des acteurs clés pour l’image que renvoie le secteur de santé français.

Pourtant, une crise perdure entre industriels et pharmaciens depuis le développement des médicaments génériques. Pendant 15 ans, les laboratoires pharmaceutiques et les médecins étaient en charge du développement des génériques mais les industriels ont bloqués ce déploiement (de 1982 à 1998). Quand les pharmaciens ont dû prendre le relais, les relations se sont tendues.

Aujourd’hui, certains laboratoires pharmaceutiques commencent à sortir de la crise et adoptent des attitudes positives et ont noué des partenariats efficaces avec des pharmaciens.


Quelle stratégie mettre en place pour parvenir à ce rayonnement ?


Les industriels français doivent garder leur indépendance et se plier aux règles internationales pour ne pas sortir de la compétition. Ils doivent absolument conserver une image positive en terme de recherche.

Les industriels, les médecins et les pharmaciens ont tout intérêt à jouer la coopération et à former une équipe pluridisciplinaire au service du patient.

Les industriels connaissent mal les pharmaciens et leur rôle dans le système de santé français. Il y a un manque de dialogue entre ces deux acteurs qui ne se rencontrent pas ou trop peu souvent.

En conséquence, l’industrie pharmaceutique est en train de rater le coche de l’accompagnement du patient. Avec la montée en puissance des médicaments plus ciblés et des protocoles de soins complexes , les patients ont besoin d’un suivi et de conseils individualisés. La tentation est forte pour les industriels d’être en contact direct avec les patients, sans passer par les pharmaciens ou les médecins. Pour cela, ils vont par exemple faire appel à des prestataires extérieurs (call-centers).

Pourtant, l’accompagnement est le cœur de métier des pharmaciens. Ils ont la possibilité de se positionner efficacement dans l’accompagnement des patients. Ils peuvent de plus intervenir sur le dépistage, le suivi (comme pour le diabète, l’asthme), la mise en lumière d’éventuels effets secondaires ou encore la réalisation en commun d’études (observance). Les Pharmaciens ont déjà montré par le passé (pilule du lendemain,toxicomanie,,sida…) qu’ils étaient capables d’être vecteurs de changements et que leur relation privilégiée avec les patients leur permettaient de réaliser un meilleur accompagnement. Reste à définir avec les autorités de santé, les médecins et les industriels, la nature précise de ce suivi.

Les pharmaciens sont des acteurs incontournables pour les industriels. Ceux-ci ne doivent pas être défiants vis-à-vis des pharmaciens mais plutôt les considérer comme des partenaires stratégiques.

Ces actions permettraient de sécuriser le système de santé et donc par le même biais d’améliorer l’image des industriels. Tout le monde s’y retrouverait.

Enfin, tout un travail doit également être réalisé avec les associations de patients qui sont toujours plus présentes et critiques, les patients se montrant de moins en moins dociles et de plus en plus regardants avec une grande soif de connaissance. Les conseils du médecin et du pharmacien sont une valeur forte pour le patient. C’est un point sur lequel les politiques sont sensibles.

C’est un discours que tiennent les pharmaciens depuis environ 4 ans mais malheureusement, les réactions sont lentes.

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Interview de Jean Pierre Cassan, Président de la FEFIS



La FEFIS est un syndicat professionnel qui regroupe les entreprises de l'industrie des médicaments à usage humain et vétérinaires, des dispositifs et matériels médicaux



Quelle est votre vision du système de santé français?


Il y a le plan du citoyen et celui de l’industriel.
Pour le citoyen c’est un bon système car la sécurité sociale rembourse bien, toute personne peut se faire soigner …. Nous avons des mutuelles complémentaires, 90% de la population est couverte aujourd’hui… un bon système.
Nous gagnons 3 mois de vie chaque année, donc de plus en plus de centenaires et de personnes de plus de 80 ans. De nouvelles maladie arrivent par ce système de santé car on est mieux soignés et que l’on vie mieux… ceci s’observe dans tous les pays industrialisés, la France est leader là-dedans, mais ces nouvelles maladies vont coûter des frais.
Toute personne qui vie est une personne qui dépense mais aussi une personne qui rapporte. Toutefois, les centres de frais ne sont pas toujours au même endroit : on voit ce qui coûte, on ne voit pas ce qui rapporte (une personne de 90 ans consomme des infirmières, des aides soignantes, c’est une personne qui boit et qui mange, qui consomme) mais ce budget, dont le budget santé vient en dépense et pas forcement en recette : dans les recettes, c’est une infirmière qui travaille pour s’occuper de ces personnes

La Fefis tire-t-elle un avantage de ce système français?

La Fefis ne tire pas d’avantage, la santé est toujours vue comme un cout, pas comme un produit économique qui rapporte au pays. Comment faire pour que ca rapporte ?
Quand vous avez au sein de la Fefis sur le plan économique une recherche, un développement, une production, une commercialisation… la seule chose dans un pays que l’on ne peut pas ne pas avoir c’est la commercialisation. Est-ce que l’on continuera avoir de la recherche, du développement et de la production ?
Ces trois premiers éléments sont mis dans les endroits les plus favorables, pour des raisons de cerveaux, de coûts ou d’attirance pour un pays qui reconnait que la santé est stratégique pour le pays car la santé est mondiale, on pense que les entreprises US doivent être performantes aux US pour être performantes ailleurs et la recherche doit être performante car c’est de cette recherche que naissent de nouveaux médicaments, de nouveaux outils (optique, matériel…) qui vont permettre d’avoir une indépendance vis-à-vis de l’extérieur et le vendre à l’intérieur et à l’extérieur
Les Etats-Unis et la Grande Bretagne l’ont compris, les Français sont pour l’instant à cheval, ils disent qu’ils veulent mais ne font pas grand chose là-dedans.

Les pôles de compétitivité sont axés sur les questions médicales, est-ce que la Fefis se retrouve dans ce type de pôles ?


Oui nous nous retrouvons car ces pôles sont essentiels, à condition de ne pas faire du franco-français, à condition que la France se connecte au reste, car la France ne peut pas vivre seule, elle doit être performante dans la concurrence mondiale, elle est concurrente des autres pays européens tout en étant dans l’Europe.
Mais quand elle est dans l’Europe elle doit y être entièrement par rapport à l’extérieur. Elle ne peut le faire que si elle connait parfaitement tout ce qui se passe a l’international.

Pensez-vous que le modèle de santé français soit générateur d’influence à l’étranger?


Pas de modèle français, il y a un modèle vis-à-vis des citoyens, mais çà n’intéresse pas la Fefis car elle n’a pas de leçon à donner à d’autres pays.
Par contre la question fondamentale est que nous soignons très bien en France.
Quelle est alors votre vision ?
Que la France accepte que la santé soit un axe stratégique prioritaire pour notre pays, comme l’armement.
La santé fait partie de la stratégie du pays : on facilite le R&D et on incite les entreprises françaises ou étrangères à venir s’installer en France, faciliter l’investissement sur notre pays (+ politique de prix plus favorable).
Comment le Fefis pourrait s’engager pour arriver à cette situation ?
La Fefis est en train de finaliser :
-une cartographie de tous les points Fefis par département. Pour montrer aux décideurs locaux en quoi la santé dans leur secteur est économique intéressante pour eux et le futur de leur région : montrer les avantages pour un décideur local, qui ne sait pas toujours que des emplois de santé existent dans son environnement local.
-prise de l’initiative de réunir tout ce qui est santé en France en dehors de la Fefis. La Fefis ne peut rien faire sans eux, toutes les parties prenantes sont liées. Enfin, il y a aussi les hôpitaux publics ou privés, car il faut bien mettre les malades quelque part.
Ces 4 entités (industries de santé, acteurs de santé, Hôpitaux, pouvoirs publics) réunissent ce qui est la santé en France. Comment pouvons-nous nous améliorer tous les 4 ensembles et réfléchir sur le futur.
Lorsque l’on a un matériel qui va faire un diagnostic plus en profondeur qu’avant, il y a aussi des matériels utilisés aujourd’hui qui vont disparaitre, ce qui est un surcoût, donc il faut savoir se préparer à l’avance pour que tout le personnel paramédical et médical s’adapte en amont pour que quand le produit arrive tout le monde soit prêt.

Avec quels acteurs du système français ne pourriez-vous pas monter d’alliance?


Aucun
Le dialogue peut être plus difficile, certain acteurs plus difficiles à pénétrer (CNAM, certaines mutuelles) car il y a un raisonnement français selon lequel un rapprochement est mal vu par ces acteurs qui considèrent mal les industries de santé. Les industries de santé sont considérées comme le diable. Le diable est cependant peut-être ailleurs !
La CNAM n’est pas contre la Fefis mais ils ont des barrières, peur de trop se rapprocher de l’industrie en étant le payeur dans le cadre du système.

Quelles sont vos relations avec les associations de patients?


La Fefis a des relations avec ses membres, pas avec les patients. Ce sont les membres de la Fefis qui ont des relations directes avec les patients.
La Fefis a une vision, que chacun soit responsable de son métier : la Fefis ne se bat que sur un point : la santé sur un point ECONOMIQUE et SOCIETAL. Le reste c’est l’affaire des syndicats dans chaque discipline, c’est leur responsabilité de prendre en compte les patients.

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1 juin 2007

Interview de Mr Pascal REGEN, président de la CSNDPP


M. Pascal REGEN : Président de la Chambre Syndicale Nationale des Dépositaires de Produits Pharmaceutiques


  1. Estimez-vous que le système de santé français est un axe de rayonnement stratégique pour la France ?

Oui, cela devrait l’être. C’est un bon système, accessible à tous. La France a des acquis mais a perdu son avance. Plusieurs raisons à cela

  • le problème de la recherche ;
  • les pôles de compétitivité ;
  • la pénurie des personnels de santé ;
  • un problème de gouvernance.

La recherche:

Notre pays forme des gens brillants qui s’expatrient à cause de conditions défavorables (matérielles et environnement) pour eux en France.

La recherche coûte de plus en plus cher. La recherche se fait principalement par l’industrie pharmaceutique et donc par des fonds issus du privé. En comparaison, la recherche publique est très faible. L’industrie pharmaceutique se mondialise et les investissements pour la recherche également. Les financements se font à une échelle internationale. Le rythme des innovations s’est ralenti. Le financement de la recherche à l’heure actuelle demanderait des fond colossaux qui ne peuvent à être pris en charge à la seule échèle d’un pays.

On ne peut pas avoir de rayonnement sans une recherche performante et organisée. D’autre part, nous sommes confrontés à un problème de mentalités certain, notamment dans les relations entre public et privé. Il n’y a pas pour le moment une véritable synergie entre les acteurs du public et du privé. Il y a un décalage d’approche et de conception vis-à-vis du fonctionnement de la recherche.

Les pôles de compétitivité:


Ces pôles démarrent seulement en France et sont encore loin d’être opérationnels. Nous sommes très en retard par rapport à un pays comme les Etats-Unis où les pôles de compétitivités ont fait leur apparition dans les années 60 et sont pleinement opérationnels depuis les années 80. Autrement dit, nous avons un décalage effectif d’une trentaine d’années avec les Etats-Unis (1980-2010). Ce qui est peut être inquiétant c’est que l’on se lance seulement maintenant dans le développement des pôles de compétitivité.

Il est essentiel de faire collaborer le public et le privé. C’est une démarche difficile en France car on a une mauvaise image du privé.

La culture anglosaxone est beaucoup plus avancée que nous en matière de relations public/privé. Le public externalise certaines activités vers le privé. Nous avons des visions très différentes de l’investissement. Si l’on considère l’exemple des hôpitaux, l’externalisation pourrait permettre de réduire les charges que les hôpitaux français supportent.

La pénurie des personnels de santé:

L’instauration des numerus clausus était nécessaire à un moment où il y avait beaucoup de médecins mais aujourd’hui nous sommes confrontés à une pénurie.

Les contraintes des métiers des personnels de santé (médecins ou infirmiers) ne sont pas compensées par les salaires ou les conditions de travail. On assiste pour les infirmières à des cessations d’activité fréquentes dues à ces contraintes.

En conséquence, de nombreux médecins urgentistes viennent de l’étranger et parlent souvent mal notre langue. C’est le même problème pour les infirmières. A cause de cette pénurie, on fait venir du personnel de l’étranger.

De plus, si la pénurie de médecins s’accentue, dans les ruralité, les infirmières et les pharmaciens pourraient être autorisés à prescrire certains produits de base. Les médecins s’y opposeraient mais si nous n’avons pas le choix, nous y viendrons.

La question de la rémunération joue un rôle clé qui pèse sur la démographie médicale.

Une mauvaise image:

On ne sait pas mettre en valeur la santé. On montre seulement ce que cela coûte et pas ce qui a été investi. On oublie les avancées majeures de ces dernières années.

La conséquence en est une mauvaise image de l’industrie pharmaceutique dans l’inconscient collectif. Le secteur est mis au même rang que les industries de l’armement ou du tabac.

C’est un vrai problème et cela ne facilite pas les choses pour trouver des capitaux.

Nous sommes dans un système de culpabilisation des professionnels de santé avec le gouvernement dans le rôle du culpabilisateur. Il y a une incompréhension de la part des pouvoirs publics. La santé est gérée par des comptables. On a l’impression que le Ministère de la santé ne s’attache qu’à gérer les finances de la sécurité sociale.

En conclusion, la France est techniquement très performante sur le secteur de la santé mais il y a un problème d’image et de gouvernance. Il faut tout faire pour garder notre spécificité et notre avance sur le secteur. Il faut sortir de la logique de culpabilisation. Nous avons la culture, nous avons les bases mais nous nous sommes engagés sur un mauvais chemin.

  1. Quelles sont vos relations avec les autres acteurs de la santé ?

Les acteurs de la santé essayent de s’allier plus qu’avant mais il y a toujours des intérêts divergents. C’est donc une intention difficile à mettre en œuvre. Les pouvoirs publics ont aussi à intérêt à diviser pour mieux régner.

La CSNDPP travaille surtout avec la Chambre Syndicale de la Répartition Pharmaceutique (CSRP), tous les syndicats de pharmaciens, le LEEM et les membres de la FEFIS.

A l’inverse, la CSNDPP a peu ou pas de relations avec les syndicats de médecins. Cette tendance devrait évoluer car la distribution des échantillons de médicaments qui se faisait par les visiteurs médicaux est interdite depuis l’année dernière. Les dépositaires de produits pharmaceutiques ont pris le relais et une relation devrait s’établir entre les deux acteurs.

Il n’y a pas non plus de relation avec des acteurs européens ou internationaux, les métiers des dépositaires étant des fonctions très nationales.

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