31 mai 2007

Interview L'Express

Vincent OLIVIER

L’Express


  1. Comment est-ce que vous développez les problématiques du système de santé français et sa place dans le monde ?

Il faut envisager la réponse sous deux axes :

L’axe économique : lié aux questions de remboursements, de caisses sociales, mais aussi de guerres intestines privées.

L’axe thérapeutique au sens large : les nouveaux vaccins, les nouvelles recherches. Il s’agit ici d’aborder le volet médical pur.


  1. Quelles relations entretenez-vous avec les partenaires non-médicaux (non médecins…) tels que les industries pharmaceutiques, associations de patients, ONG…

Au niveau de l’industrie pharmaceutique : les rapports sont bons. Le seul aspect récurrent, qui rend souvent le dialogue plus difficile, sont les questions d’ordre économique. Il existe dans l’industrie pharmaceutique une sorte de « secret défense » autour de ces aspects. Cependant, il semblerait, pour Vincent Olivier, que le problème soit d’avantage lié à un mauvais timing, plutôt qu’à un réel refus de communiquer.

Il faudra faire en sorte de normaliser cet échange d’information au fur et à mesure du temps, en prenant en compte les périodes difficiles et les enjeux liés à une industrie aussi particulière que celle de la santé.

Au niveau des associations de patients, les problèmes viennent plus du comportement. Il y a les associations dont on parle tout le temps, et qui se prennent peut être parfois un peut trop au sérieux, et celles dont on ne parle pas et qui voudraient justement qu’on s’intéresse davantage à elles.

Il y a également un problèle de communication avec les laboratoires qui ont une certaine difficulté à trancher entre les journalistes économiques et les journalistes médicaux. Il n’est pas toujours évident de faire la part des choses et de différencier le discours de l’interlocuteur, sachant aussi que les questions d’ordre économique sont de plus en plus importantes, et ont tendance à supplanter le relais d’information médicale.


  1. Pensez-vous qu’il serait possible d’adapter tout ou partie de notre modèle de santé français dans des pays en développement ?

Selon Vincent Olivier, il n’y a pas beaucoup de choses adaptables, notamment en offres de soins. Le système français porte trop sur l’assistanat, et ne pourrait convenir dans des pays en voie de développement. Il pense particulièrement au système du remboursement automatique.

Autre chose non exportable: le fait que les médecins puissent s’installer où ils le désirent. Ce système est beaucoup trop libéral pour ceraines pays, et ne résoudrait pas les problèmes intrinsèques de pays en difficulté économique.

En revanche, le réseau de soins serait transportable avec un bémol concernant l’Afrique. Le système actuel de maillage et de toile d’araignée est exportable. Il en serait de même pour le système de fixation des prix est bon. Pour l'avenir, il important dans ce cas de faire attention. à ne pas laisser l’industrie pharmaceutique seule gérer les questions de prix.

Il serait tout aussi intéressant d’exporter un conseil de l’ordre des médecins, à condition cependant d’être efficace et transparent. Selon Vincent Olivier, le conseil de l’ordre des médecins français est actuellement loin d’être parfait, et particulièrement corrompu.

Enfin, il serait plus que favorable de pouvoir exporter le principe de la MNC aiinsi que celui de HAS, accompagnés de guides de bonnes pratiques. Vincent Olivier insiste d’ailleurs sur son caractère nécessaire.


  1. En tant qu’acteur de la santé, quelles sont pour vous les conditions pour que la santé devienne un axe de rayonnement ?

Problème :

Depuis Seguin (soit environ 15 ans), on rembourse de moins en moins et on cotise de plus en plus. D’autre part, le système actuel de négociation avec les médecins est sans contre partie. En effet, le système actuel veut qu’on augmente les honoraires des médecins en promesse d’un changement de comportement : système qui jusqu’à aujourd’hui est loin d’avoir fait ses preuves.

La France va vers une vraie inégalité des soins, déviant du semblant d'égalité qui prédominait il y a 20 ans sur ce domaine. Le système se transforme en un système à deux vitesses.

Un domaine cependant serait une piste : l’hôpital public qui est en soit une très bonne chose. Seulement, au prix d’un effort budgétaire trop élevé, il risque de ne pas être vivable à terme.

Un autre modèle intéressant est la forme de T2A, qui commence à se démocratiser en France. Ce serait un critère pour les crédits pour jouer sur les marges.


  1. Autres points stratégiques abordés

L’image du médicament aujourd’hui en France change. Avec l’arrivée de médicaments de société (comme le viagra), et le para médicamenteux, le système évolue. (Système d’OTC - Over the Counter). Le médicament change de statuts et certains sortent du champ de la prescription classique. La croissance à deux chiffres à laquelle les laboratoires étaient habitués diminue de plus en plus et les laboratoires ont du changer de stratégie pour maintenir leur revenus.

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