31 mai 2007

Interview UMESPE


Dr Jean-Francois Rey

Président de l'UMESPE




  1. En tant qu’acteur du système de santé, dans quelle mesure pensez-vous que la santé est un axe de rayonnement stratégique pour la France ?

« La santé représente un budget considérable. Ce qui est étonnant, c’est qu’aucune politique de santé n'aient été définie, car c’est à travers ces dépenses que vivent un grand nombre d’acteurs. Au fils du temps, les acteurs comme les industries se sont raréfiées et concentrées. Exemple : Sanofi-Aventis qui est devenu un laboratoire Européen ; d’autres sont plus réduits comme IPSEN, GUERBET et quelques laboratoires isolés. En termes d’industrie, les grands industriels sont Général Electric et Siemens. On constate que les Français sont très faibles en termes d’innovation. Au niveau du développement de matériels d’imagerie, tous les groupes sont maintenant étrangers. Les nouvelles technologies comme les capsules proviennent, d’Israël ou du Japon. Les outils chirurgicaux, eux, proviennent des Etats-Unis. Force est de constater que le tissu industriel s’est réduit en France.

Pour l’exportation, le savoir faire et le plateau technique (clinique et hôpitaux), sont les éléments clés. Par une politique de santé conjointe la santé des pays émergents peut être améliorée. Ce qui est déjà initié se situe dans les pays émergents tels que le Viêt-Nam, les pays d’Afrique et du Moyen Orient. Aujourd’hui, il y a davantage de relations individuelles que stratégiques. Une des faiblesses du système français est un manque d’opérations stratégiques sur le terrain : il n’existe pas de définition politique quant à la promotion de notre modèle de santé à l’international. Le cas des médecins Français dans les board internationaux dont la présence régresse fortement est significatif. On déplore que l’Etat ne contribue pas assez au rayonnement international. Une des absurdités dans la répartition des frais de missions est de ne pas donner suffisamment de budget pour les frais de transport en classe « affaires », alors qu’il s’agit d’un besoin pour les experts voyageant beaucoup.

Utiliser la francophonie. Il y a une hégémonie des Américains en santé sur l’Europe par des actions de formations. Au niveau scientifique, parler l’anglais de la communication et scientifique est indispensable même dans les conférences ayant lieu en France. »

  1. Quels moyens les acteurs seront-ils prêts à mettre en œuvre ?

Il n’existe pas vraiment de relations entre les acteurs sur ce sujet. Par exemple, IPSEN, qui exporte énormément n’utilise pas de contacts spécifiques ni l’expertise médicale française pour améliorer ses affaires. Une politique d’aide à l’export comme c’est le cas aux Etats-Unis où la santé est traitée comme un secteur stratégique n’existe que partiellement en France, via les missions économiques. La plupart des laboratoires Français préfèrent actuellement demeurer des distributeurs locaux. Un vecteur de déploiement serait d’utiliser nos conférenciers Français n’intervenant qu’en France à l’étranger, et ce afin de promouvoir notre vision médicale.


Dr. Jean Luc JURIN

1er vice-président de l’UMESPE

Un exemple de carence du rayonnement Français : certains étudiants africains sont formés en Allemagne pour devenir des cadres administratif dans le médical.

L’Allemagne leur fournit :

1. l’apprentissage de la langue

2. la formation au métier et à l’encadrement

Des débats et autres colloques sont souvent organisés en Allemagne. Certains pays d’Afrique se tournent vers les Etats-Unis malgré la francophonie. Depuis les vingt dernières années, les élites médicales d’Afrique noire ou du Maroc, vont se former aux Etats-Unis et plus encore au Canada où l’entrée est moins contraignante.

On remarque que les missions économiques Américaines sont tournées vers la santé. En France, on voit l’international par le biais des ONG et de la santé publique.

Il faut appréhender les spécificités de la santé dans le monde. On remarque que les Français se sont désinvestis de l’international et de la recherche mondiale. Malgré les élections, nous constatons qu’il n’y a pas eu d’autres français à s’investir dans les « boards ». Depuis 20 ans, il n’y a d’ailleurs pas eu de stratégie française dans les « boards » européens. On remarque d’ailleurs qu’aujourd’hui toutes les dénominations de technique de référence mondiale sont en anglais alors que dans les années 70, la plupart des livres de médecine étaient publiés en français. L’INSERM a notamment retiré un certains nombre de moyens d’actions à la France.

Quelles peuvent être les stratégies d’alliance pour mieux porter une opinion en vue d’une éventuelle exportation de notre modèle de santé ?

En relation étroite avec les acteurs du système de santé, le concept impliquerait une réelle volonté politique commune, en particulier via l’industrie de la santé et les responsables politiques. Pour exemple, l’ensemble des patrons des groupes pharmaceutiques focalisent avant tout sur le marché français. Pour l’instant, il n’y a jamais eu de contact dans le sens d’un développement de ce processus. L’influence internationale de la France dans le monde tend à décroitre : il existe une méthode simple qui est de repérer qui sont les Français présents dans les « boards » internationaux pour le constater.

Il reste cependant un vrai potentiel de création de richesse quant à l’exportation de notre savoir-faire. L’exportation de notre modèle de santé avec toutes ses spécificités techniques est beaucoup plus difficile. La santé coûte chère dans les pays émergents et 10% seulement de la population peut se payer ses soins. Certains pays disposant de réserves financières comme l’Egypte sont toutefois capable d’intégrer notre concept.

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