26 mai 2007


Jean-Marie Le Guen* – Député PS





1. Estimez-vous que la santé soit un axe de rayonnement stratégique de la France ?

Oui, évidemment, explique le député Jean-Marie Le Guen. En revanche, « il m’apparaît nécessaire de distinguer le système de santé du système d’assurance maladie, l’offre de soin du modèle de social de prise en charge… » Aussi, en termes de production de biens et services et de développement de soin, la santé doit devenir un axe de rayonnement stratégique pour la France, ajoute-t-il.

2. Comment situez-vous le système de santé français sur la scène internationale ?

Au niveau international, « la France est relativement bien placé au niveau technique et notamment grâce aux organismes de coopération en Afrique et dans le Sud-est asiatique, dont notre présence stratégique doit beaucoup à l’héritage de la médecine coloniale ». Aussi, il est très important de repartir avec une politique fort en Afrique, de manière à favoriser le capital humain, surtout après les dégâts liés à la gestion du FMI.

Par ailleurs, la France est reconnue pour sa production de biens de très haut de gammes en France et dans les pays en voie de développement. Des gens du monde entier vont se faire en France. En revanche, le système de santé est faible au niveau territorial.

3. Justement, comment percevez-vous l’initiative de l’UDF dans le domaine de la santé, à savoir la régionalisation des systèmes de soins (voir entretien réalisé avec François Haab) ?

S’il y a consensus sur une organisation des soins au plan régional, il est impossible en revanche de régionaliser le système de cotisation. « D’accord pour la déconcentration, mais pas pour la décentralisation ».

4. Y a-t-il une « french touch » dans la gestion du système de santé à l’international ?

Il est possible de parler d’une « French touch ». Par exemple, au début des années 1990, notamment avec la question du sida. Ainsi, l’approche française se distinguait par une volonté de complémentarité de la prévention soin et des soins, alors que l’approche américaine était on ne peut plus moralisante, l’approche scandinave complètement utilitariste.

5. Considérez-vous que la santé soit partie prenante d’un certain soft power en termes de logique d’influence ?

« Le domaine de la santé constitue indéniablement une dimension stratégique du soft power, et peut-être même du hard power », précise Jean-Marie Le Guen. Cependant, elle n’est que rarement pensée au niveau stratégique au sein des élites françaises. Le domaine de la santé est constamment associé à la notion de déficit et n’est jamais perçu comme créateur de richesse.

6. En temps que représentant du peuple français, comment vous inscririez-vous dans cette la problématique ?

Il s’agirait de tisser des liens forts entre les industriels et la recherche autour de pôles de compétitivité et de s’investir dans des « niches technologiques ». Il est très important de se positionner sur la médecine interventionnelle (nanotechnologie). En effet, si la révolution du XXe siècle s’est faite autour des technologies informatiques, l’avenir appartient aux biotechnologies.

7. Quelles sont les corporations les plus actives où celles qui pourraient jouer un rôle ?

Il s’agit de trouver de nouvelles formes d’action où l’Etat aurait un rôle majeur à jouer, en tant qu’Etat stratège, qui impulse et non qui fait. Le monde des ONG est beaucoup plus réactif à cet égard. L’Institut Pasteur par exemple. Aussi, les acteurs privés sont amenés à jouer un rôle majeur bien plus important que les Etats sur la scène internationale. Prenez l’alliance entre Bill Gates et Warren Buffet dans la lutte contre le sida, ou encore la fondation Clinton.

Dialogue possible avec d’autres acteurs : Direction de la sécurité sociale (DSS), Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), Greenpeace France, Fondation Nicolas Hulot pour la nature et pour l’homme (FNH)


*Eléments de biographie:

  • Profession d’origine : Médecin
  • Acteur majeur : Vice-président de l'office parlementaire d'évaluation des politiques de santé, Membre titulaire du Haut Conseil pour l'avenir de l'Assurance maladie.
  • Centres d’intérêt : Président du groupe d’étude sur l’obésité en France, son Blog aborde les sujets suivants : grippe aviaire, hôpitaux publics, assurance maladie. Avec le député Philippe Juvin, il est préoccupé par les problèmes d’environnement liés à la santé.


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