26 mai 2007

Reconstruire les systèmes de santé du Tiers-monde après les programmes d’ajustement structurel

Alors que les fondations de Bill Gates ou de Bill Clinton mettent en place des entreprises louables à destinations des populations du Tiers-monde pour favoriser l’accès de ces dernières a différents types de traitements, les pays du Sud continuent de subir les conséquences des programmes d’ajustement structurels pensés et mis en place conjointement par le Fonds Monétaire International et la Banque mondiale ; notamment dans le secteur de la santé.
Vers la fin des années 1970, un grand nombre de pays du Tiers-monde, frappés par un endettement considérable, bénéficièrent de transferts de capitaux de la part de ces deux institutions qui posèrent des conditions macroéconomiques strictes quant à l’octroi de ces fonds : mise en place d’une politique monétaire restrictive visant à réduire l’inflation, privatisations et réduction de la dette par la diminution drastique des dépenses dans des secteurs jugés secondaires, notamment la santé.
Les programmes d’ajustement structurel (PAS) étaient nés…
De nombreuses études ont montré les effets désastreux des PAS sur les systèmes de santé concernés par cette dérégulation forcée. Ainsi, dès 1992, l’OMS et le programme alimentaire mondial concluaient que « dans plus de la moitié des cas étudiés le secteur de la santé avait été le premier touché par les difficultés budgétaires des pays s'étant soumis à l'ajustement structurel ».
On aura ainsi pu constater l’empressement des financiers de la Banque mondiale à dresser les grandes lignes de réforme en matière de santé comme « mettre les ménages à même d'améliorer la santé de leurs membres » ou « promouvoir la diversité et la concurrence dans les services de santé »…
Progressivement, les populations des pays du Sud ont pu rapidement appréhender les limites d’un système de santé Made in USA.

La reconstruction des systèmes de santé dans les pays du Tiers-monde ne pourra s’effectuer sans une remise en cause d’un modèle de développement qui, c’est le moins que l’on puisse dire, n’a pas été à la hauteur de ses espérances.
La France - parce qu’elle a su concrétiser une vision de la santé articulée autour de l’accès aux soins pour tous – peut jouer un rôle dans cette reconstruction des systèmes de santé dans les pays défavorisés, tout en gardant à l’esprit qu’il ne saurait être question de « calquer » un modèle sanitaire fruit d’une histoire spécifique dans des Etats possédant leurs propres spécificités socioculturelles.
Ce sont sur ces bases que pourront s’établir une saine et véritable économie de la santé qui ne se réduirait pas à divers programmes humanitaires qui, bien que nécessaires dans l’urgence, ne sauraient constituer un développement sanitaire durable.
Source: L'ajustement structurel et la réforme des soins de santé dans le Tiers-monde.

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