31 mai 2007

Interview Medcost & Doctissimo


Laurent Alexandre

PDG de Medcost et Doctissimo





  1. Quels sujets non-médicaux abordez-vous dans votre journal ? Comment est-ce que vous développez les problématiques du système de santé français et sa place dans le monde ?

Le site doctissimo.fr a un lectorat aux 2/3 féminin, il est n°1 en Belgique, en Suisse et au Canada. Le trafic est important car il représente 950 000 visiteurs par jours. Le but du site est d’être très pratique. Le lecteur attend des conseils et des informations que d’autres peuvent lui donner de manière amicale.

De par ses lecteurs et les intérêts de ceux-ci, le site est un peu distant des sujets liés aux problématiques de stratégie.



  1. Pensez-vous qu’il serait possible d’adapter tout ou partie de notre modèle de santé français dans des pays en développement ?

En l’état actuel, le système de santé français ne mérite pas d’être promu.

Pour que cela change il faut une base de médecine française dans laquelle on promeut ce que l’on sait bien faire. Et pour cela, il faut promouvoir les grandes actions.

Le système français est face au système américain qui dispose de deux bons outils de promotion, à savoir Hollywood et la vision ultra techno de la médecine US notamment diffusé par Medline.

En France il y a une incapacité à développer de véritables projets technologiques de ce niveau.

La France et l’Europe ne disposent pas d’un système d’information suffisamment important, la langue française est insuffisamment rayonnante et ne peut que difficilement concurrencer l’anglais.

Il y a aussi une trop faible représentation des médicaments, et un faible pourcentage y compris dans les technos. Il y a beaucoup d’absence dans les gammes de produits car les laboratoires ne peuvent être présents sur tous les secteurs du marché.

Statistiquement, la plupart des produits sont étrangers (95%) US, Europe, Japonais, Inde et montée en puissance de la Chine. La France ne représente qu’une petite partie.

Le problème de cet univers est que c’est déstructuré. Il n’y a pas de vecteur clair. Vision brownienne sans direction.

Bill Gates et Warren Buffet ont une réelle influence. L’OMS est contestée par ce que fait Gates. Il faut penser à voire comment cela peut avancer. Il faut voir l’influence sur le terrain de personnes qui consacrent de gros moyens à cela.

On est à côté des principaux enjeux. Le mètre étalon désormais c’est Bill Gates, car il a les ressources mais plus encore il a l’organisation. Le but est d’être sur le terrain et d’être opérationnel.

Le système philanthropique Nord US et l’argent sont en train de l’emporter face à des systèmes qui sont bloqués.

Seul Bill Gates peut engager plus de moyens qu’une organisation comme l’OMS. Ce sont des gens comme cela qui se penchent sur le phénomène de la santé qui ont une véritable influence.

Par ailleurs, le fait que ce soit son argent fait qu’il y est d’autant plus attentif.

La philanthropie d’Etat de l’Asie, des grands hommes US, et des organisations philanthropiques islamiques, sont entrain de prendre de plus en plus d’importance et peuvent réellement peser.

Il va y avoir une influence non contrôlée des organisations islamiques françaises dans les sociétés françaises arabophones.

Ex : Financement d’installations médicales par les grandes organisations musulmanes françaises.



  1. En tant qu’acteur de la santé, quelles sont pour vous les conditions pour que la santé devienne un axe de rayonnement ?


Selon Laurent Alexandre, il faudrait un organisme fort qui soit capable de suivre une direction. Il faut une politique forte en amont avec des incitations.

La France bénéficie d’une autre forme de rayonnement grâce aux ONG.

Les déséquilibres sont la résultante de plusieurs interactions, de tabous, de la faute des politiques, et des asymétries de santé.



  1. Comment pensez-vous pouvoir contribuer à un tel chantier ? Quelles seraient les possibles modalités d’application ?


On ne peut pas convaincre les autres qu’on a meilleur système de santé. Les médias francophones entraînent une immigration spécifique (liée à la santé). C’est un effet paradoxal y compris parmi les malades, car malgré tout on a un système qui est performant. Or, les français ne s’en rendent plus compte. Ils ne paient rien et consomment autant qu’ils veulent. Par ailleurs, cette consommation des soins est très hétérogène entre les français.



  1. Nous avons constaté que le monde de la santé déplore un manque de dialogue avec la presse. Est-ce vrai ? Si oui avez-vous une explication pour cela ?

En France, les médias ne communiquent que sur deux axes. D’un part, on montre quelques technos et d’autre part les accidents, on oscille donc entre scandale et médecine de pointe.

De plus les médias traitent aussi du dérapage des comptes.

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