31 mai 2007

Interview Syndicat des Cliniques Spécialisées (SCS)

Olivier Toma
Président du SCS


  1. Pensez-vous que, de manière générale, le système de santé français soit un axe de rayonnement stratégique de la France ? Axe de rayonnement stratégique signifie par exemple que notre tradition scientifique, notre modèle de protection sociale, notre organisation au niveau des hôpitaux puissent devenir un modèle ou une référence à l’extérieur de la France (dans le monde en général, dans l’UE, dans les pays en développement qui sont en train de se construire un système de santé, etc.)

Complètement. On devrait développer l’image du système de santé de la France. À la place de centrer la politique de santé sur la réduction du déficit, il faudrait plutôt développer ses aspects attrayants pour les pays étrangers. Le système de santé français a une excellente réputation et pourrait être créateur d’emplois et de richesse. Il faudrait le soutenir de manière à jouer sur sa réputation comme cela est fait dans les domaines du tourisme, du vin, etc.

Il s’agit donc d’inverser la tendance en matière de politique de santé. Actuellement, on empiète sur les ressources et les moyens de demain alors qu’il faudrait plutôt agir avec une optique de développement durable dans la santé. Par développement durable de la santé, on entend le fait d’utiliser les moyens disponibles aujourd’hui sans pour autant utiliser ceux qui seront nécessaires demain.

En deux mots, aujourd’hui, il y a un endettement et un déficit de formation du personnel soignant qui se reportera sur le dos de nos enfants alors qu’il faudrait faire du système de santé un axe majeur de développement, et ne pas viser une réduction des dépenses – ce qui est ridicule et impossible quand on a une population qui vieillit – mais plutôt les optimiser.

  1. Dans ce cadre, pensez-vous partager la même vision du système de santé français que celle d’autres acteurs de votre domaine (hôpitaux privés/hôpitaux publics)? Lesquels ? Même question concernant des alliances avec des acteurs à l’extérieur de votre domaine ? Par exemple : médecins, pharmaciens, association de patients, etc.

Par rapport aux hôpitaux publics, je n’ai pas la même vision. Ils sont dogmatiques et leur action consiste à protéger leurs acquis. En ce qui concerne les hôpitaux privés, nous avons une même vision quant aux objectifs mais pas sur les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre… Mais il me semble que là n’était pas la question. Évidemment, je suis prêt à faire des alliances avec tous les acteurs. Aussi bien avec les syndicats hospitaliers qu’avec les associations de patients, les pharmaciens, etc. C’est même une nécessité de tous se rassembler pour y parvenir, mais il s’agit d’un projet idéaliste.

  1. Vous sentez-vous prêts à lier des partenariats avec tous les acteurs que vous venez de mentionner pour développer l’image du système de santé français à l’international ?

Oui. J’ai d’ailleurs essayé de proposer à la FHF de traduire une plaquette décrivant le système de santé français dans toutes les langues et de les faire distribuer dans les aéroports et un peu partout. Mais le projet n’a pas encore abouti. J’ai fait la proposition il y a environ un an.

  1. Nous avons eu l’occasion de constater que vous êtes assez éloignés de certains acteurs publics, notamment de la FHF. Pensez-vous que vos désaccords avec certains de ces organismes puissent être dépassés dans ce but de rayonnement stratégique ?

Oui.

  1. Avez-vous des contacts avec des hôpitaux étrangers ou des acteurs des systèmes de santé étrangers ? Êtes-vous à même de défendre votre vision du système de santé français dans le cadre de ces contacts ?

Très peu. Oui.

  1. Quel rôle pourriez-vous jouer si une politique de santé européenne venait à se développer ?

Ce devrait se faire sur la base du principe du développement durable en santé. Je suis prêt à y faire quelque chose.

  1. En France, il est courant de distinguer deux modèles pour le développement d’un système de santé « français » à l’étranger : le modèle de Kouchner et le modèle de Douste-Blazy. Vous sentez-vous plus proches d’un modèle en particulier ? Comment pouvez-vous jouer votre rôle dans le développement ou la création d’un système de santé (en particulier des hôpitaux) dans un pays étranger ?
Nous faisons des actions sur des bases pragmatiques. Je me situe un peu au milieu de ces deux approches. Cela nous arrive par exemple d’accueillir des enfants en provenance d’Afrique pour les soigner, et également de créer des centres de nutrition et de soin en Afrique. Je suis convaincu qu’il est nécessaire d’agir de manière à favoriser une approche de développement durable en santé pour parvenir à aider la création de systèmes de santé dans les pays étrangers.

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