25 mai 2007

Sicko, où comment détruire le peu de crédibilité qu’il restait du système de santé américain

Le 19 Mai 2007, au festival de Cannes, Michael Moore présentait son dernier film : Sicko.

Ce documentaire est une charge totalement partiale contre les inégalités du système de santé américain.

Le système de santé américain est basé sur des assurances privées. Pour 58% des personnes, les entreprises payent cette assurance à leurs employés et à leur famille. Seulement 3% des assurés bénéficient d’une couverture équivalente à la couverture française tandis que 20% de la population n’est pas couverte du tout. Sous la présidence de son mari, Hillary Clinton avait lancé des programmes d’assistance performants : Medicare et Medicaid. L’Etat Fédéral en partenariat avec les Etats couvre les gros risques pour les personnes âgées, les handicapés lourds, et les pauvres. Ces programmes ont depuis été limités par l’administration Bush. Le nombre de personnes n'ayant pas d'assurance-maladie ne cesse de croître, et la qualité des soins est très inégale. En France, l’Assurance Maladie couvre la majeure partie des frais voire la totalité pour les plus pauvres par le biais de la CMU.

Par ailleurs, le film de Michael Moore ne critique pas tant le fonctionnement des hôpitaux, que le seul domaine des frais médicaux. Un grand nombre de fournisseurs de soins sont cotés en bourse. En France, quand les entreprises pharmaceutiques font des profits record, on évite tous les ans le scandale. Alors, imaginer que des compagnies médicales puisse faire des profits reste inimaginable chez nous. L’effet pervers dénoncé par le film est que même les patients assurés ne reçoivent pas toujours les soins nécessaires, car les compagnies d’assurances médicales évitent par tous les moyens d’engager des frais importants.

La loi américaine n’est pas très claire. Les hôpitaux sont dans l’obligation de « stabiliser » un patient en cas de danger de mort. En France, en aucun cas il ne sera demandé son identité au patient avant d’être soigné, tout comme pour intégrer une école d’ailleurs.

Le système américain est le plus cher du monde : 16% du PIB contre 10% pour la France. Alors, certes, le système américain dépense davantage que le système français dans les infrastructures (ex : IRM…), mais le « retour sur investissement » n’est pas au rendez-vous.

Tout comme le système éducatif, le système américain est le plus cher du monde, le plus inégalitaire et celui donnant les moins bons résultats, en moyenne.

Michael Moore pointe son doigt inquisiteur et veut avant tout lancer la polémique. Non, le système de santé américain, privilégiant les profits à la santé, n’est pas un système adaptable au reste du monde et ne doit pas l’être. Vous vouliez une nouvelle preuve, en voici une.

Renaud Kaeppelin

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